Travel Bellies

Chapitre 3 —

Palm Springs


20 août 2023

Toutes les bonnes choses ont une fin, et il faut bien quitter un jour Vegas. Ce serait dommage en revanche de quitter la ville sans être allé faire un tour dans le parc national juste à côté : Red Rock Canyon.
En plus, ils rendent les choses faciles : il y a une route scénique qui permet de faire le tour rapidement et efficacement du coin.

Nous partons donc y faire un tour et faisons d'abord une pause au visitor center, pour profiter de la vue panoramique et du calme absolu qui règne sur cette campagne. À l'horizon, les roches rouges forment de beaux contrastes sous les ombres des nuages.

Nous parcourons ensuite les 20km de route scénique, où sont régulièrement aménagés des parkings pour profiter des points de vue ou se lancer dans des randonnées. Au passage, nous en profitons pour jeter un coup d'œil aux pétroglyphes du coin. Bien que moins impressionants que ceux de Nazca, ils ont le bon goût de ne rendre personne malade.

L'heure tourne, il faut quand même ne pas traîner, nous avons de la route à faire. Ce faisant, le ciel s'assombrit, se fait de plus en plus menaçant et on aperçoit la trainée de la pluie qui arrose un bout du désert.
En quittant le parc, sous la pluie qui vient de nous atteindre et rejoignant la voie rapide vers la ville, nos smart-trucs retrouvent le réseau téléphonique. Ils se réveillent et affichent des messages d'alerte du gouvernement local : nous sommes dans une zone qui est susceptible de recevoir des flash floods et il est recommandé de ne pas quitter son domicile. Heure de fin d'alerte : dans quelques heures.

Nous traversons la ville pour faire le plein d'essence et trouver de quoi déjeuner. La pluie continue de tomber à grosses gouttes. Les alertes continuent d'arriver sur nos appareils, l'heure de fin d'alerte reculant toujours un peu plus. L'ambiance est presque apocalyptique.
Nous quittons enfin Vegas dans l'après-midi ; laissant derrière nous une ville qui doit apprécier enfin une bonne pluie pour la rafraîchir.

Nous roulons pendant plusieurs heures jusqu'à la tombée de la nuit. Un orage illumine quasiment sans arrêt cette portion du ciel tout du long de notre route. Décidément, la météo nous aura bien surpris.
En arrivant à notre motel, à Palm Springs, nous découvrons enfin une explication à ce caprice climatique : une ouragan tropical se dirige droit sur nous !

Toute la Californie du Sud est en alerte. C'est la première depuis qu'on enregistre la météo dans cette zone, c'est dire comme on est mal tombé. Nous nous renseignons sur les directives : il faut rester chez soi, la tempête risque d'arriver dans la nuit ou le lendemain. Combien de temps devrait durer cette tempête ? Va-t-elle s'intensifier ? Quels sont les risques ? Va-t-on devoir encore changer nos plans ? Nous avons un vol prévu dans 4 jours, pourra-t-on quand même partir ? La compagnie a déjà commencé à réorganiser les vols des deux jours à venir.

Nous nous couchons en croisant les doigts, espérons que nous ne nous sommes pas précipités au cœur du danger.

Le lendemain, le vent souffle, le ciel est couvert mais pas de pluie à l'horizon. Les prévisions météo nous demandent d'être sur nos gardes et le gouvernement de ne pas quitter son domicile pour rien. Pour autant, nous n'avons pas envie de rester toute la journée dans le motel. Nous regardons nos options et repérons une petite randonnée à 10 minutes de voiture.

Nous nous retrouvons donc sur le trail de Taquitz Canyon, en chemin vers une petite cascade. Le temps est malgré tout chaud et sec même si le ciel est couvert.

Au bout de la randonnée, nous rejoignons plusieurs groupes qui se baignent allègrement au pied de la cascade. Nous trempons nos orteils mais elle est trop froide à notre goût et puis, de toutes façons, nous n'avons pas pris nos maillots.

Sur le retour, nous faisons une pause dans le centre-ville de Palm Springs. Le tour est rapidement fait : le musée vient de fermer. Le reste de l'intérêt est limité à des boutiques orientées design. Nous n'avons pas la place dans nos sacs à dos pour ramener un fauteuil des années 60 parfaitement restauré, dommage.

On peut aussi découvrir les dessous de la carrière de Marylin

Ce soir là, la pluie diluvienne promise n'est toujours pas arrivée. L'échéance est juste retardée. Nous nous demandons si nous arriverons à passer entre les gouttes le lendemain.


Au réveil, nous constatons les traces de la pluie mais le temps est juste venteux pour le moment. Nous déguerpissons sans demander notre reste, mieux vaut partir tant que la route semble pratiquable. Deux heures plus tard, nous arrivons à Los Angeles, sous la pluie, entourés de chauffards qui semblent vouloir mesurer expérimentalement la vitesse d'aquaplanning. Les réseaux d'évacuation sont clairement en train de travailler à leur capacité maximale mais pas de problème pour circuler.

Nous sommes arrivés bien en avance pour notre check-in au motel suivant, qui a lieu en milieu d'après-midi. Nous cherchons vainement un petit café où se poser en attendant que le temps passe. Malheureusement pour nous, les directives sont bien respectées et beaucoup de commerces ferment leurs portes plus tôt que prévu à cause de la tempête.

Nous finissons sur le parking de Target (un équivalent d'un grand Carrefour), à chercher un peu de courage pour traverser le parking sous des trombes d'eau. Et au milieu de toute cette pluie, nous ressentons la voiture qui tremble un peu. Nous nous demandons si nous sommes en train de subir des rafales de vent, mais il n'y a pas l'air d'avoir de vent. Difficile d'être sûrs.

C'est en arrivant au motel et en allumant les chaînes d'info que nous découvrons que nous venons de vivre un tremblement de terre ! Il a eu lieu à une centaine de kilomètres de nous, et mesure 5,1 sur l'échelle de Richter à son épicentre. Apparement, nous l'aurions ressenti autour de 3. Si nous avions été en train de rouler, ce serait passé complètement inaperçu.

Les officiels enchaînent les prises de parole en direct et nous apprenons que des inondations ont bien eu lieu à Palm Springs juste après notre départ.

Le bingo des catastrophes naturelles se poursuit ! Il nous manque une éruption volcanique et un tsunami. Une île au milieu du Pacifique serait-elle bien indiquée ?
Réponse au prochain épisode …