Travel Bellies

Chapitre 5 —

Nazca haute altitude


21 juillet 2023

La route de Cuzco à Nazca n'est pas impressionante sur la carte, mais la longue suite de tortillons montagneux qui compose ses 655km en fait une pénible affaire à 50km/h pendant 13 heures agitées. L'écran central du bus nous a fait profiter du dernier concert de Selena (RIP), nous connaissions mal mais ça vaut le détour.

Nazca c'est en bas, sous les nuages

Pendant que John faisait un pipi périlleux dans les toilettes de fortune du bus, ce dernier a eu une collision dans un virage. Bon, c'était une mini collision sans impact sur les passagers, mais je parie que ça vous est jamais arrivé comme situation.


Nous nous retrouvons dans la partie du nord du désert d'Atacama. C'est vraiment bizarre de se dire qu'on l'a quitté il y a un mois et demi et qu'on se recroise, même si ce n'est pas exactement au même endroit.

Une fois déposés au terminal, on nous rappelle tout de suite pourquoi nous sommes venus dans cette ville : les promoteurs sautent sur le touriste pour tenter de lui vendre le tour incontournable à Nazca. Il s'agit bien sûr de la balade en petit avion au dessus du désert voisin, dans lequel ont été découverts les fameux géoglyphes millénaires de la civilisation pré-inca de Nazca. La région regorge de ces immenses « lignes » creusées à la surface, et préservées par les conditions ultra-arides de l'Atacama.

Y z'ont tout gribouillé le désert

C'est en grande partie une scientifique allemande, Maria Reiche, qui va étudier, nettoyer et protéger ce site pendant plus de 40 ans. Son histoire très particulière est racontée dans un planetarium, situé à l'arrière de l'hôtel dans lequel elle a passé ses dernières années. Elle était alors très affaiblie par les années de travail pénible sous le soleil du désert. Le guide présente trois fois par soir les lignes et l'histoire de Maria, qu'il a visiblement cotoyée, et qui l'a manifestement profondément impacté.

La présentation finit par un fondu au noir sur une image de Maria grimpant sur une colline, vieille, maintenant Péruvienne. Le guide a réalisé ce fondu en passant sa main lentement devant le projecteur, faisant une pause pleine de pathos avant de cacher Maria. Ça ne dure qu'une seconde mais c'est très émouvant.

La plupart des discussions au sujet des lignes portent sur les nombreuses théories qui expliqueraient leurs raisons d'être. Maria Reiche a étudié le lien entre les lignes et le ciel, calculant la position et la forme des constellations à l'époque Nazca pour y faire correspondre des lignes. Certains points de convergence entre longues lignes droites sont présentés comme probables points de rituels religieux, et certaines lignes seraient également importantes pour la vie séculaire en indiquant des réserves d'eau souterraines. On vous épargne les théories plus farfelues encore, mais vu l'absence de certitude, la seule limite est l'imagination.

Un astronaute ? Je penche pour le logo de Discord

Les lignes les plus immédiatement intéressantes sont celles qui représentent apparemment des animaux, et l'animal qui est le plus surprenant est un singe. Sa présence impliquerait l'existence à cette époque d'échanges commerciaux avec des régions amazoniennes pas si proches. Mais bon, quand on se fait agiter à 90° au dessus de tout ça, il faut avoir le cœur bien accroché pour pousser la réflexion plus loin que « oh le joli singe ».

Oh le joli singe

Pas de pot pour Daphné, une sorte d'angine la cloue au lit quasiment toute la durée du passage à Nazca. John va donc profiter sans elle de la machine à laver aérienne. Défaite : le Cessna aura eu raison de sa fragile oreille interne ! Il finira le vol en sueurs froides bien content d'avoir respecté la consigne de jeûne. On saura maintenant qu'il n'a pas raté de vocation de pilote de chasse.

Par mesure d'hygiène, il ne faut pas manger le matin du vol

Autre conclusion : les deux seules escapades solitaires du voyage montrent indubitablement qu'il ne faut plus se séparer, sous peine imminente de dégobillage.


Sinon, la ville est moche comme tout, mais on y a passé trois jours sympathiques en compagnie de nos copains Suisses. Soi-disant, ils auraient pu continuer à voltiger toute la journée ; moi je les regarderai d'en bas !

Allez, assez perdu de temps dans ce bled paumé, nous sautons dans un bus vers le prochain spot touristique obligé.