Travel Bellies

Chapitre 2 —

Cuzco


14 juillet 2023

Cuzco est la capitale de l'empire Inca. Ils ont été dérangés à leur apogée par les Espagnols mais il y a de beaux restes architecturaux, un peu partout dans la ville.

C'est désormais une ville majeure du tourisme et tout est fait pour attirer notre curiosité vers le piège du consumérisme. Si on passe devant les innombrables boutiques de souvenirs, on se fait agressivement proposer des « ¿massaaages? » à tous les coins de rue. Régulièrement, on tente de nous attirer vers les agences de tourisme qui vendent des excursions. Ça va d'une excursion à la demi-journée vers les ruines de proximité jusqu'à l'épopée de plusieurs jours avec guides et porteurs pour rejoindre à la force des pieds le mythique Machu Picchu.

On a aussi la surprise de voir des dames, d'un âge avancé, en tenue complète traditionnelle, errer dans les rues de Cuzco, un bébé alpaca ou un bébé mouton enguirlandé au bout de la laisse. Évidemment, elles attendent une rétribution à l'opportunité photo.

Bon, on l'a pas payée cette photo

Dans certains quartiers, on voit que les pierres qui composent le bas des murs ne ressemblent pas aux enchevêtrements dont on a l'habitude. Ou encore, les rues disposent d'une gouttière centrale et non sur les côtés. Comme pour beaucoup de villes d'Amérique du Sud que nous avons visitées jusqu'à présent : les ruines précolombiennes ont servi de base pour construire les villes coloniales.

Pour mieux apprécier cet héritage, nous commençons avec une petite grimpette jusqu'au site de Saqsaywaman, qui surplombe la ville. Cela nous offre au passage de formidables points de vue sur la ville et ses alentours.
Ici reposent les vestiges d'une forteresse de pierres dont la précision de l'emboîtement ferait rougir les joueurs de Tetris les plus experts. Nous bravons le soleil brûlant pour visiter ce site très étendu, sur lequel quelques alpacas se baladent entre les troupeaux de touristes.

Nous repartons trop vite à notre goût mais nous sommes attendus en bas : nous avons réservé un atelier chocolat !
Il commence avec une petite introduction sur la différence entre le chocolat et le cacao. La discussion s'oriente ensuite sur qui fait le meilleur cacao, qui fait le meilleur chocolat. Les Suisses qui nous accompagnent auront bien raison : leur chocolat est le meilleur.

Nous révisons ensuite le processus de transformation de la graine de cacao : on sélectionne les plus beaux grains, on les torréfie, on les épluche, on les broie pour faire de la pâte de cacao. Nous passons à la dégustation : un coup avec de l'eau chaude et du piment et un coup avec du lait. La version traditionnelle et la version coloniale.

De la fève de cacao au chocolat, il n'y a que quelques pas

On termine le cours en moulant chacun des palets de chocolats dans lequel on aura le loisir d'ajouter plein de petites cochonneries : du gros sel, des cacahuètes, de la poudre de coca et des sprinkles, parmi beaucoup d'options. Nous les récupérerons plus tard dans la soirée et ils seront mis à contribution lors de nos petits creux des jours à venir.

On ne rate pas l'opportunité de laver les plats

La visite de la ville se fait à pied : nous traînons du côté de la place principale, bordée par la cathédrale et la basilique. D'autres places et rues piétonnes nous verront passer plusieurs fois. Nous promenons notre nez curieux dans le marché central de San Pedro et tous ses dérivés à quelques encablures de là. Le quartier de San Blas, perché un peu en amont de la cathédrale, aura aussi l'honneur de nous voir déambuler.

L'offre des musées est phénoménale par ici et il faut bien choisir. Ce sera le musée du Machu Picchu, en guise d'introduction de notre prochaine étape. Bien que connu des locaux depuis longtemps, la « découverte » du Machu Picchu est attribuée à un Américain en 1911, qui a gentiment demandé aux locaux de le guider.

Nous irons aussi au musée Qorikancha : situé dans un couvent franciscain, bâti sur les ruines d'un temple inca. Le contraste entre l'architecture inca, avec ses pierres larges et l'architecture coloniale, avec ses arches et ses fioritures, est un bon reflet de l'aspect général de la ville.

Arrivez-vous à distinguer le temple inca sous le temple franciscain ?


Une excursion est aussi de mise. John ne le sent pas et décide de passer son tour.

Réveil prévu à 4:00 pour un départ à partir de 4:30. Le guide et le chauffeur commencent le spam par texto juste avant 4:00. Évidemment, le réveil sonne et on ne l'entend pas. Puis les appels manqués s'enchaînent et c'est finalement à 4:13 que Daphné décroche, sous l'insistance de John. Le guide est en bas et attend. Réveil en catastrophe, Daphné est en retard et pour une fois, ce n'est pas sa faute.

Le bal des camionnettes a déjà commencé, les autres touristes sont récupérés, le minibus s'éloigne de Cuzco et moins de deux heures plus tard, nous rencontrons le petit déjeuner qui nous attend. Il est 6:20.
Une fois tout le monde repus, on rembarque dans le minibus. Cette fois-ci, la route n'est plus asphaltée et ça secoue pendant encore 1h30 jusqu'au parking et au départ de la randonnée. Nous sommes à 4800m.

La marche fait 10km aller-retour. Cela a beau commencer avec une grande portion en pente douce, ça ne rigole pas. À cette altitude, l'oxygène n'est disponible qu'à 50% de sa capacité habituelle. Pour ceux qui ne sont pas à l'aise, on peut aussi recourir aux services des chevaux qui vous amènent au pied de la dernière montée.

Il faudra 1h45 pour atteindre le sommet tant attendu. Le pic est indiqué à 5036m. Et le touriste grouille. Difficile de faire une photo de la vue d'ensemble en évitant les têtes et autres morceaux de touristes qui eux aussi ont mérité leur photo souvenir.

On dirait le chassé-croisé du mois d'août

Au final, c'est à la descente que tout part en vrille : les vertiges, les nausées, la fatigue. En bas de la première pente, là où les chevaux passent le relais, Daphné constate qu'elle n'est pas en état de continuer. Heureusement, les chevaux sont là pour le retour aussi. Elle se fait donc dodeliner jusqu'au parking, le temps de retrouver un semblant de couleur.
La portion de route suivante est toujours aussi peu asphaltée et les nausées reprennent. Le déjeuner est servi au même restaurant que le petit déjeuner mais c'est même pas la peine d'essayer, mieux vaut rester dehors prendre l'air.

Au final, la troupe sera de retour en milieu d'après-midi à Cuzco et il faudra toute la soirée et la nuit à Daphné pour se remettre de ses émotions. Pas sûr qu'elle s'aventure de nouveau aussi haut.

Est-ce que tout ça en valait vraiment le coup ?

Pendant ce temps-là, John a fait des emplettes et s'est fait raser à l'ancienne à Cusco. Il se dit qu'il a bien fait de rester « en bas » : il faut être prêt pour la grande aventure en altitude suivante. Sera-t-elle aussi intense ? La réponse au prochain épisode.