Travel Bellies

Chapitre 1 —

Puno problema


10 juillet 2023

La frontière péruvienne est proche de Copacabana. Environ 15 minutes de bus et nous passons toutes les formalités. Ensuite, nous remontons dans le bus et nous prenons la direction de Puno, première ville de notre parcours péruvien.

Puno est située sur le bord de la baie du même nom, à l'ouest du lac Titicaca. Le Pérou et la Bolivie étant deux nations andines avec une histoire et une identité commune très forte, nous ne sommes pas vraiment dépaysés.
Les architectures, les souvenirs des boutiques, les tenues de gens et la composition des menus au restaurant : pas grand-chose n'a changé pour le moment. À part les prix.

Le tourisme à Puno s'oriente vers deux types de choses à visiter : les ruines et autres vestiges archéologiques du côté de la terre et les îles du côté du lac.
Pour notre part, nous nous concentrons sur la partie lac, car on y trouve quelque chose d'unique : des îles flottantes artificielles.

Ce sont les Uros qui vivent dans la baie de Puno, éparpillés entre 125 îles (au dernier recensement). Chaque île abrite 3 à 4 familles, soit 20 à 25 personnes. Les îles sont construites en totora, un roseau local. De ce qu'on nous explique, il suffit juste de les entasser sur une base épaisse de racines et chaque année, pour l'entretien, on en remet une couche. (Il faut pour cela soulever les maisons, bien sûr.)

Il faut compter un an pour construire une nouvelle île et chacune a une espérance de vie qui va de 40 à 60 ans. Ce qui impressionne le plus, quand on débarque, c'est la stabilité de l'île. Et pourtant, le niveau de flottaison n'est pas très loin.

Après avoir bien piétiné la paille des Uros, nous retournons à terre pour laisser la place à la prochaine vague de touristes. Ce faisant, nous allons explorer nos options pour quitter Puno et nous diriger vers Cuzco. Nous jetons notre dévolu sur une compagnie de bus qui propose, le long de cette route de 7h, de s'arrêter pour voir quelques spots touristiques en chemin. Ce faisant, la route sera évidemment plus longue, mais nous espérons que le gain culturel en vaut le coup.

Départ le lendemain à 7:00. Nous sommes 9 touristes pour un bus qui peut en accueillir trois fois plus. Au moins, nous serons tranquilles.

Premier arrêt à Pukara. Son musée archéologique nous raconte ce qui y a été découvert : les céramiques, les momies, les bijoux, etc. On nous explique aussi qu'ici et dans la région, il est coutumier d'acheter des petits taureaux de céramique pour veiller sur le toit de sa maison. Ils s'acquièrent par deux (au nom de la dualité du monde, ou alors du capitalisme) et la boutique de souvenirs qui fait aussi office de café du musée propose une panoplie bariolée de taureaux de toutes les tailles et toutes les couleurs.
Au moins, ce ne sont pas des fœtus de lama séchés.

Ensuite nous passons le col de la Raya à 4300m d'altitude. Nous sortons pour profiter du panorama et du train qui passe juste en dessous.

Une pause déjeuner un peu plus loin et nous repartons de plus belle. L'arrêt suivant, c'est le site archéologique de Raq'chi. On découvre un site très étendu et surtout, le plus grand temple Inca. Il est composé d'un mur central, de deux rangées de colonnes puis de deux murs extérieurs. Le tout en pierres puis en adobe, les deux matériaux principaux de la région.
En continuant derrière le temple, on découvre ce qu'il reste des quartiers d'habitation et les greniers de stockage.

C'est un cas exceptionnel d'architecture monumentale

Nos déambulations terminées, nous reprenons le bus en direction de l'ultime arrêt : une église surnommée la chapelle Sixtine des Andes.
Un peu pompeux nous diriez-vous ? Certes, mais en même temps, bien que son plafond ne soit pas autant dramatique que l'originale, tous les murs sont chargés de bas-reliefs, de toiles encadrées d'or ou de gigantesques autels à la gloire de moultes saint patrons.

On est dans ce qui se fait de plus baroque par ici. Nous en prenons plein les yeux, mais pas d'illustrations : les photos sont interdites, sûrement pour entretenir le mystère.

Difficile de dire si nous recommandons ce tour. L'ambiance était très touristique et superficielle, le prix bien plus élevé que le même trajet sans chichi, et le guide aux allures de vendeur de voiture qui répétait “my friends” 7x par phrase n'a pas aidé. Mais c'est probablement le seul moyen pratique de visiter ces sites sans en faire des excursions à part entière.

Notre trajet/tour touche à sa fin. Nous sommes déposés en dehors du centre-ville et nous bravons les interdits en sautant dans le premier collectivo qui passe. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous descendons à l'orée du centre-ville et prenons vite place dans notre petite chambre, simple vitrage et vue sur la rue où les collectivos et les taxis font du racolage. Les nuits à venir ne promettent pas d'être reposantes.