Chapitre 3 —
Bến Tre
31 janvier 2024
Bến Tre est à mi-chemin entre Cần Thơ et Hô Chi Minh-Ville. Maintenant que nous avons fait la grande ville du coin, aux allures impersonnelles, il serait de bon ton de se rapprocher de la population locale et de faire quelques jours dans une maison d'hôte.
Quelques jours à Bến Tre nous feront du bien, au milieu des maisons et des arbres tropicaux, chez Mama, son fils et leurs quatre chiens ainsi que la dernière portée en date, qui consiste en six chiots de moins d'un mois. Ils sont adorables et patauds, si nous le pouvions, nous passerions des heures à jouer avec eux.
On nous prête des vélos pour explorer plus facilement les alentours. Nous en profitons pour aller découvrir la ville et son marché. Il y a aussi quelques temples, plutôt en mauvais état, et tout ce qui constitue une ville normale. Malgré tout, lorsqu'on arrive de Cần Thơ et de sa province, ce n'est pas si impressionnant. Mais au moins, il y a peu de touristes et c'est plutôt agréable.
En remontant la rivière, il est facile de tomber sur le marché dans lequel on vend en gros des fruits, légumes, œufs et fruits de mer en tout genre. Comme les fruits sont produits à proximité, les prix sont ridiculement bas.
Lorsqu'un client achète des fruits de mer, c'est l'occasion de voir les poissons passer de vie à trépas avec une efficacité violente. Nous sommes également surpris de voir que les grenouilles (ou crapauds) se conservent en lot, reliées par du bolduc. C'est un moyen efficace de les empêcher de s'enfuir, mais un peu cruel.
Depuis la rive, nous embarquons pour un tour des canaux qui quadrillent la province.
Après d'âpres négociations, nous avons aussi le privilège de leur louer un scooter pour le reste de la journée.
Nous descendons tout d'abord un canal large où notre guide fait de son mieux pour nous crier, par-dessus les bruits assourdissants du moteur, les différentes spécificités des bateaux-cargo que nous croisons.
Nous nous dirigeons ensuite vers un canal de taille moyenne, puis un autre, puis un encore plus petit jusqu'à notre premier arrêt. Nous nous faisons joyeusement balader d'une ferme locale à une autre. D'abord le cacao, le miel, puis la noix de coco et les bonbons qui en découlent, une spécialité du coin. Avant de repartir en bateau, nous avons le droit d'écouter un groupe d'uncles et d'aunties nous chanter la sérénade. Plus loin, on nous montre des artisans en train de fabriquer une natte tandis que nous goûtons à différents fruits exotiques locaux.
Pour la fin de notre parcours, on nous promène à la rame sur une embarcation à l'équilibre précaire dans un canal encore plus étroit que les précédents. Heureusement pour nous, les crocodiles ne vivent pas dans cette mangrove. Il y a donc peu de risque qu'un désalage ici finisse de façon tragique.
Dernières épopées scooteresques de Bến Tre jusqu'à Mỹ Tho, la grande ville un peu plus au nord d'ici. Nous suivons de grands axes avec beaucoup de véhicules quadrupèdes qui nous dépassent en nous klaxonnant agressivement. À force d'observation, nous comprenons que c'est plutôt une forme de politesse pour prévenir d'une présence à haute vélocité.
À Mỹ Tho, nous allons faire un tour dans un grand temple aux allures flamboyantes. Dans une maison proche, un enfant s'adonne au sport national vietnamien : le karaoké. Voici donc une ambiance incongrue : un espace qui invite à la spiritualité, superposé à une bande-son de bar de fin de soirée.
Terminons par une petite parenthèse sur le karaoké au Vietnam, qui découle de nos courtes observations : il n'y a ni heure ni âge pour se lancer dans une session de karaoké. Le lieu importe peu : cela peut se faire chez soi, dans un restaurant ou avec des touristes sur le bateau qui les promène. En revanche, une règle semble communément observée : le karaoké se doit d'être partagé avec le plus grand nombre. Un corollaire de cette règle est bien sûr qu'il faut émettre un maximum de décibels.