Chapitre 2 —
Chic, ô pays qu'est long
16 mai 2023
Nous voilà à Chile Chico.
Notre prochaine grande étape est l'île de Chiloé, deuxième plus grande île du Chili.
Mais le trajet ne peut pas se faire d'une seule traite.
Nous devons traverser monts, lacs et rivières pour y parvenir.
À peu près.
Nous commençons donc vendredi avec un ferry à 8:00 pour traverser le lac en direction de Puerto Ibañez.
Puis un bus jusqu'à Coyhaique.
Ce sont nos premiers pas sur la Carretera Australe.
Coyhaique nous accueille pour 3 jours, pendant le weekend de la fête des mères. Nous voyons et entendons des hommages pendant nos quelques jours ici (bien que cela ait commencé à Chile Chico). Coyhaique a beau être une petite ville (60 000 habitants), elle est le chef-lieu de sa région : Aysén.
Nous avons un peu pris l'air dans la ville où nous n'avons pas trouvé de point d'intérêt particulier. Tout du moins, lorsque que, comme nous, on n'est pas véhiculé. Sinon, beaucoup de parcs naturels tapissent cette région. Il faudra revenir un jour !
Nous avons pour objectif de prendre le bateau qui part le lundi soir de Puerto Chacabuco.
Cette ville est accessible en partant en bus de Coyhaique jusqu'à Puerto Aysén puis en collectivo (des espèces de minibus aux horaires aléatoires) pour une petite quinzaine de minutes.
Nous avons consulté les horaires des bus, il y en a un quasiment à chaque heure.
L'occasion rêvée pour nous de tenter à nouveau le stop.
Un peu plus sérieusement que la fois précédente mais avec une solution de repli en cas d'échec.
Lundi matin, 8:30, nous sommes sur la Carretera, à 5 minutes de notre auberge, le pouce levé, espérant qu'à cette heure, quelqu'un aura envie de compagnie. Quelle chance pour nous, à peine quelques minutes plus tard, Juan Pablo nous embarque pour Puerto Aysén.
Il nous explique qu'il a l'habitude de rencontrer et prendre avec lui des autostoppeurs. Nous travaillons notre castillan pour comprendre les aboutissants de son métier dans l'élevage du saumon. Ce n'est pas le seul de cette industrie que nous rencontrerons sur la route !
Juan Pablo est aussi très content de nous montrer la vallée que nous traversons et les quelques points d'intérêt qui la bordent.
Nous ne suivons pas exactement la Carretera mais plutôt le Rio Simpson qui, au rythme des affluents, grossit pour devenir le Rio Aysén.
Le ciel est couvert et les nuages sont bas dans la vallée.
Ils sont tellement épais que parfois on se demande si on ne voit pas plutôt de la fumée issue d'un feu.
Les paysages nous surprennent de leur beauté et du pouvoir de suggestion des nuages.
Nous partageons avec notre conducteur nos plans de voyage et il se demande s'il n'a pas vu que des bateaux étaient annulés à cause du temps.
Très avenant, il vérifie pour nous, appelle le bureau de la compagnie.
A priori, notre bateau est maintenu.
C'est l'heure de se dire au revoir et de le remercier chaleureusement.
Nous sommes déposés à Puerto Aysén juste avant 11:00. Encore beaucoup d'heures avant notre départ. Un tour dans un café, un restaurant pour le déjeuner et en début d'après-midi, nous rejoignons l'arrêt de collectivo.
Moins d'une dizaine de minutes plus tard, le collectivo arrive et nous nous entassons à l'arrière, nos sacs sur les genoux.
Voyage inconfortable mais court et nous arrivons à bon port.
Départ à 18:00.
Le bateau nous paraît très vide mais tant mieux, nous y serons tranquilles et confortables.
Et ça fait plus de place pour dormir.
Le ferry a sept escales de prévues avant d'arriver au port de Quellón (prononcer « Quais-Yonne », pas « qu'est long ») et on nous annonce une traversée de 25h.
Notes pour nos prochaines escapades en ferry :
- Prévoir tous ses repas. La nourriture sur place sera soit trop chère pour ce que c'est, soit de mauvaise qualité, soit les deux
- Prévoir de l'espèce pour si, dans un accès de folie, nous nous retrouvons quand même à acheter quelque chose à la cafet.
- Ne pas sous-estimer le pouvoir des courants d'air. Si une nuit est prévue sur le ferry, un sac de couchage peut vous sauver la mise
Nous partons alors que la nuit est déjà tombée.
Dès que le jour se lève, le lendemain, nous prenons plaisir à admirer les paysages qui défilent.
Le temps est couvert voir pluvieux et pourtant nous sommes transportés tout au long de ce voyage en regardant par la fenêtre les allures mystiques des montagnes et des îles ennuagées.
Le trajet durera finalement plutôt 28h. Une fois débarqués à Quellón, nous rejoignons notre chambre, juste sur le port. Une soupe plus tard, nous voilà dans un vrai lit, prêts à profiter pleinement d'un sommeil ininterrompu jusqu'au lendemain.