Chapitre 10—
La chevauchée pampastique
11 mai 2023
La Patagonie argentine a beau être une région magnifique, il faut bien que nous la quittions un jour ou l'autre.
Nos aspirations pour la suite de ce voyage se situent côté Chili pour suivre une petite partie de la Carrera Austral.
Il s'agit de la route principale qui descend jusqu'au sud du pays.
Voyons-la comme une belle départementale qui zigzague entre les montagnes, les fjords et offre des aperçus furtifs du Pacifique.
Au départ d'El Chaltén, il n'y a plus que des bus qui partent en direction d'El Calafate.
Nous sommes déjà obligés de revenir sur nos pas avant de pouvoir avancer.
Départ donc à 8:00 pour arriver 3h plus tard à Calafate.
Nous avons deux heures devant nous avant le bus suivant.
Nous en profitons pour nous ravitailler pour la suite du trajet.
Départ du bus suivant à 13 heures en direction du nord. L'arrêt auquel nous visons de descendre est Los Antigüos et doit être atteint à 5:15. Encore une fois, beaucoup de Français et de francophones dans ce bus. Nous ne sommes pas du tout dépaysés.
C'est là que nous attend une drôle de surprise, le bus part en direction du sud-est et nous nous retrouvons quelques heures plus tard à Rio Gallegos. Rio Gallegos est une ville-étape courante entre Ushuaïa et Calafate et surtout, elle est située sur la côte Atlantique de l'Argentine. Donc bien loin des Andes. Nous en arrivons à la conclusion qu'à cause de la fin de la saison, les lignes de bus sont mutualisées et privilégient les grandes villes.
Voici le parcours que nous avons réalisé : de El Chaltén à El Calafate (3h) ; puis à Rio Gallegos (4h / 300 km) ; puis à Los Antigüos (9h / 1000 km).
Imaginez un Lyon–Lille qui vous fait passer par Marseille puis Toulouse …
Nous arrivons donc à Los Antigüos, ville frontalière avec le Chili au petit matin et les yeux engourdis de sommeil. Le bateau que nous voulons prendre part le lendemain à midi et il reste encore 470km à parcourir en passant par des routes peu fréquentées. Nous savons déjà qu'il n'y a plus de bus et peu de voitures qui traversent la frontière. Il paraît que les rares taxis qui daignent traverser la frontière sont hors de prix. De toute façon, le poste frontière n'ouvre qu'à 9:00 donc pour le moment, nous sommes en standby.
À 9:00, nous trouvons un taxi qui nous mènera jusqu'au poste frontière argentin mais ne peut pas aller plus loin.
Pour 500 pesos (environ 1€), nous avons économisé un peu plus d'une heure de marche.
Une fois le premier poste frontière passé, nous nous élançons sur la route jusqu'au poste frontière chilien.
Il y a 6 kilomètres à franchir et nous voilà partis, au lever du soleil en espérant qu'on croiserait rapidement une voiture.
Les trois premiers kilomètres, pas l'ombre d'un bruit de moteur et nous avons compté 4 voitures dans le sens inverse.
Finalement, les voitures allant au Chili commencent à poindre le bout de leur nez et c'est la cinquième qui aura pitié de nous.
Nous grimpons sur la plateforme arrière du pickup truck, passons les formalités pour entrer au Chili et notre conducteur nous amène jusque dans le centre de Chile Chico.
Nous avons fait moins de 10 minutes de voiture mais avons ainsi évité 1h30 de marche.
Une fois à Chile Chico, nous contemplons nos options.
La perspective de prendre le bateau du lendemain s'éloigne de plus en plus.
Le suivant sera trois jours plus tard.
Peut-être est-ce une invitation à prendre notre temps ?
C'est décidé, ce sera le bateau du lundi, juste après quelques jours à Coyhaique, qui est la grande ville sur notre chemin.
Enfin, « grande », environ 60 000 habitants quoi.
Nous trouvons une modeste chambre pour la nuit et un ticket pour le ferry du lendemain qui traversera le lac General Carrera / Buenos Aires / Chelenko selon que vous parlez Chilien, Argentin ou Tehuelche. De l'autre côté, un bus nous conduira jusqu'à Coyhaique.