Nous avons timidement tenté de faire du stop pour quitter Calafate.

Une demi-heure plus tard, n'ayant obtenu que des sourires compatissants, nous nous engouffrons dans le terminal de bus et achetons nos places pour le trajet qui doit nous amener au nord du parc national Los Glaciares : el Chaltén, capitale nationale du trekking.

Le trajet est très beau : nous longeons le lac Viedma, la route est entourée de champs squattés par les guanacos et en arrière-plan, la Cordillère se dresse fièrement.

Nous avons désormais trois jours devant nous pour profiter au maximum de cette ville, qui vit au gré du tourisme.
Et nous n'exagérons pas : el Chaltén a été développée en 1980 dans le but spécifique d'accommoder les randonneurs et grimpeurs d'Argentine et du monde entier.

Premier jour : nous nous attaquons à la randonnée la plus connue et sûrement la plus fréquentée d'ici : aller voir le Fitz Roy de près en suivant la randonnée Lago de las tres.
Nous partons de bonne heure (avant le lever du soleil, donc avant 9:00, ça va encore) et traversons la ville pour rejoindre le départ de la randonnée.

Le panneau qui nous accueille au départ nous prévient : 10km nous attendent. Ça grimpe pas mal sur le premier kilomètre puis ça serpente gentiment dans les bois, les sous-bois, la plaine et ce qui ressemble à des marécages. Les panoramas se succèdent et au fur et à mesure de notre progression, le Fitz Roy et ses voisins se dévoilent et se dissimulent au rythme des vallées et des collines.

Nos pas nous mènent enfin au pied de la dernière ascension. La couleur est annoncée : 400m de dénivelé sur 1km.

Même pas peur.

Une fois au sommet, la récompense est à la hauteur de nos efforts, et cette fois-ci, point de couverture nuageuse pour obstruer la vue. Notre pique-nique se fait en compagnie du renard et des rapaces qui cherchent leur prochain repas. Et aussi des autres randonneurs qui nous paraissent très nombreux en comparaison de ceux que nous avons croisés sur notre chemin.

Le retour se déroule sans encombre et nous arrivons à la tombée de la nuit dans la ville.

Troisième jour : nous nous sentons pousser des ailes et entamons la promenade du jour vers la Laguna Torre au pied du Cerro Torre. Le soleil est de la partie. On se dit qu'il y a des miradors sur la route, et qu'on aura le droit de faire demi-tour quand la fatigue accumulée se fera trop sentir.

Nous sillonnons dans la vallée et le contraste entre zones d'ombre et de soleil est important ; il faut régulièrement mettre à jour les tenues.

Décidément rodés à la marche, nous tenons bon jusqu'à bon port, pour profiter d'un repas à la fraîche en compagnie des icebergs.

La promenade est longue mais avec peu de dénivelé donc bien que fatigués de la journée, nous ne sommes pas encore à bout de forces. Ça tombe bien parce que nous allons en avoir besoin pour le prochain trajet qui nous attend.

En effet, nous étions à peine arrivés à el Chaltén que nous avions pris conscience de la difficulté que nous allions avoir pour continuer notre épopée vers le nord.

La fin de la saison menaçant tout le monde, le dernier bus de nuit était programmé pour le lendemain, les auberges et les restaurants fermaient leurs portes. Malgré la présence de quelques touristes à sac à dos, la ville prenait des allures de ville fantôme.

Notre prochain déplacement s'annonçait long et compliqué.
Mais ceci est une histoire pour un prochain chapitre …