Travel Bellies

Chapitre 2 —

Angkor des Wat


12 janvier 2024

Devinette : Trois Cambodgiens, deux Français, une Allemande, un Britannique, leurs sacs et enfin deux poulets veulent monter dans une voiture cinq places.
Combien d'entre eux doivent rester sur le bord de la route ?

Réponse : Aucun bien sûr.
Les trois Cambodgiens à l'avant, dont un à cheval sur l'accoudoir central. Les quatre Européens sur la banquette arrière et leurs sacs dans le coffre. Et les poulets ? Dans des cartons accrochés sur le coffre.

Ce n'est un vrai taxi cambodgien que s'il transporte des poulets

C'est comme ça que nous partons en direction de Sisophon, où nous prendrons à nouveau un taxi partagé vers Siem Reap. Cette fois, nous sommes les deux seuls passagers humains, mais bien sûr, il y a des poulets dans un carton.

Siem Reap, c'est la grande ville touristique du nord, passage plus qu'obligé pour découvrir les temples d'Angkor. Notre douteuse habitude d'éviter les tuk tuk à l'arrivée dans une nouvelle ville nous en fait traverser une avenue pendant une longue demi-heure ; c'est bon, nous avons les dimensions en tête.

La street food court les toits à Siem Reap

La ville est nommée d'après l'empire de Siam, pour célébrer une victoire littéralement écrasante des Khmers à leur encontre. Mais c'est sans importance, le seul intérêt intrinsèque de cette ville c'est en tant que base à partir de laquelle faire son tour en scooter parmi les centaines de temples éparpillés dans la jungle au nord.


Pas pressés, nous répétons la même stratégie qu'à Cusco : avant de partir visiter une quelconque ruine (sans guide, pour avoir le temps de faire des dessins et des siestes), le premier jour est dédié à la visite du musée archéologique. C'est ici qu'on peut le mieux profiter des explications historiques dans un air adéquatement climatisé. Et de toute manière, les statues les mieux conservées ont été déplacées ici. (Ainsi qu'au musée Guimet, mais c'est un peu loin vu d'ici …)

En vous épargnant la chronologie, on y détaille la progression de la dynastie royale et les évolutions religieuses et politiques pour expliquer la fièvre constructrice et les différences architecturales et stylistiques entre les IX–XIVème siècles. La plupart des temples ont été réalisés pour des rois hindous, mais la conversion au bouddhisme a fait évoluer les constructions suivantes et ajouter quelques Bouddhas sur les temples existants. Il est aussi de bon ton d'avoir une idée du bestiaire hindou, et en particulier des spécificités cambodgiennes. Par exemple, l'importance de Naga, dieu à têtes de serpents, représenté comme protecteur de Bouddha ou dans son rôle crucial durant le barattage de la mer de lait. C'est cette scène, représentée ad nauseam, qui fait penser automatiquement au tir à la corde.


C'est parti pour deux jours de visites intensives. Nous suivons un itinéraire plutôt standard, mais rien à redire. Petit détour : il faut acheter son ticket multi-jours avant de traverser la forêt. Pas de problème, la température dans la forêt est tellement plus agréable qu'ailleurs qu'on ne dit pas non à y faire des allers-retours en trop.

Au programme du jour 1 :

  • Angkor Wat, c'est le plus grand temple au monde, pas le choix
  • Ta Prohm, dans son jus non restauré, aussi nommé temple Tomb Raider
  • Phnom Bakeng, qui dépasse de la forêt, pour le coucher de soleil

C'est une boucle relativement serrée. À notre avis, plus on prend son temps dans chaque site, moins on sature. Ça paraît évident dit comme ça, mais c'est facile de s'emporter à vouloir rentrer un maximum de visites en quelques jours.

Angkor Wat, le clou du spectacle pour un bonne entrée en matière

Les apsaras brassent … du vent

Les Khmers auraient aussi inventé le twister

À peine le temps de déjeuner, un coup de scoot et nous voilà à Ta Prohm. C'est sans doute le temple le plus pittoresque, ayant inspiré les décors de nombreux films de voleurs de tombes.

J'ai une soudaine envie de vider un chargeur sur des loups

Nous avons vraiment pris notre temps, alors c'est un peu la course pour gravir le chemin jusqu'à Phnom Bakeng. Mais nous arrivons à temps pour profiter (en sueur) d'un bain de foule. Chacun tente d'avoir la photo parfaite du coucher de soleil, mais on se dit qu'on en aurait tout aussi bien profité plus bas plus au calme.


Jour 2, une fois qu'on a les bases on peut repartir confiant pour un plus grand tour :

  • Retour à Angkor Wat avant 6:00 pour l'incontournable lever du soleil
  • Angkor Thom, cité royale démesurée, en passant par ses douves, ses portes majestueuses, les temples de Bayon, Baphuon, Phimeanakas, la terrasse du roi lepreux et celle des élephants
  • Preah Khan, grand temple-ville non restauré, plein de longs couloirs alignés
  • Neak Poan, temple aquatique sur l'île d'un réservoir (baray)
  • Mebon oriental, sur les restes assèchés d'un autre baray

Après le rude réveil et une majestueuse aube suivie d'un petit déjeuner correct, nous repartons satisfaits. En effet, nous avons déjà fait la veille le reste de la visite sans la foule du petit matin. C'est le moment de rentrer dans Angkor Thom, et là il faut bien s'accrocher pour savoir où donner de la tête. On commence logiquement par le Bayon en plein centre.

Les faîtes de Bayon nous dévisagent

De là, on peut accéder rapidement à Baphuon. Attention aux fouineurs du coin, chaque moto sera grimpée, étudiée et photo-opée.

La pente est raide pour rejoindre les cadres supérieurs

Stupeur et tendre moment

La balade continue de l'ombre des arbres à l'ombre des terrasses : ces structures sont entrecoupées de passages ornés de reliefs détaillés.

On y retrouve un Naga particulièrement entêté

Gare au Garuda

Pause déjeuner un peu tardif, suivie d'une pause hamac. Heureusement qu'on a bien charbonné ce matin, la chaleur commence à se faire sentir. Il reste à traverser le beau baray sous le soleil pour rejoindre Neak Poan.

On en fait vite le tour, et tant qu'on est lancé on peut enchaîner avec le Mebon oriental. Ses éléphants sont parfaits pour un dernier dessin, tandis que l'après-midi touche à sa fin.

Même en s'appliquant à bien profiter de chaque site, c'est sûr qu'après tout ça le cerveau commence à saturer. Nous reprenons le scooter pour compléter la boucle à travers cette jungle débordante, en profitant de l'air frais. Comme de nombreux Cambodgiens, nous nous arrêtons près du réservoir d'Angkor Wat pour profiter plus tranquillement du coucher du soleil. Une fois rentrés au bercail, fin de chantier au Palm Leaf, restaurant plutôt fancy pour essayer des plats au prahok ; tout du moins une version assez édulcorée.

Angkor, quelle zone incroyable, ça ne s'arrête jamais. Nous avons plus de 450 photos de ces deux jours … Vous apprécierez la retenue dont nous avons fait preuve ici !