Travel Bellies

Chapitre 8 —

Yogyakarta


26 novembre 2023

Yogyakarta est une grande ville du centre de Java. Le y fait ici preuve d'exception et se prononce j ; on dit Djogjakarta. Nous y faisons étape après notre visite de Borobudur. Ce coin de Java nous donne à voir une autre ambiance indonésienne que la très touristique île de Bali. Ici, nous sommes dans un état majoritairement musulman, donc à intervalles réguliers, nous avons le droit d'entendre les appels à la prière, lancés depuis toutes les mosquées du quartier.

Beaucoup de street food un peu partout

À Djogja, on peut visiter un temple hindou tout aussi imposant que Borobudur : le temple de Prambanan. Pour nous y rendre, nous prenons un train depuis le centre-ville, une espèce de RER. Encore quelques minutes de marche et nous arrivons à l'entrée du temple. Nous payons nos billets et traversons les jardins qui entourent les bâtiments qui composent le temple.
Nous ne sommes pas les seuls, beaucoup d'autres touristes sont là. Surtout des groupes en sortie scolaire. Ils se repèrent facilement parce qu'ils sont en uniformes.

Et là, voici que quelque chose d'inouï nous arrive. L'un des professeurs qui les accompagnent vient nous demander si nous accepterions de prendre une photo avec ses élèves. Un peu décontenancés, nous n'osons pas dire non. Nous voilà donc en train de prendre la pose avec des collégiens.
Un peu plus loin c'est un groupe de filles qui nous demandent de prendre une photo avec elles. Aussitôt que nous acceptons, elles rameutent leurs copines. Sur cette photo-là, nous devons être une bonne vingtaine.

Ce sera comme ça pendant toutes nos déambulations dans le temple. Des enfants qui ont l'âge d'être au collège s'agitent dans le coin de notre champ de vision. L'un d'entre eux (sûrement le premier de la classe en anglais) qui répète ses lignes. On vient nous aborder pour nous demander une photo. Les cris d'excitation lorsque nous acceptons. Les copains qui se rameutent et la désignation fatale de celui (ou celle) qui prendra la photo et n'aura pas l'honneur d'être dessus.

La cerise sur le gâteau : leur répondre sama sama (de rien en indonésien) lorsqu'ils nous remercient avec effusion ; là, nous sommes sûrs de déclencher des vagues d'hystérie.

Puisque nous nous faisons allègrement embarquer dans ce délire, nous demandons aussi à prendre des photos avec eux.

Même les adultes s'y sont mis

Après enquête (sur Internet), nous apprenons que pour les Indonésiens, rencontrer (et prendre des photos avec) des étrangers occidentaux, c'est être cool. Les Occidentaux, ils sont grands et pâles, un idéal de beauté pour beaucoup de cultures asiatiques. Ils ne s'habillent pas pareil donc ils ont le style.
Décidément, c'est une autre culture.

Après avoir bien arpenté les contours des temples et des tas de cailloux qui doivent être rénovés—il y a encore du boulot !—nous observons le ciel s'obscurcir. Nous jouons la chance et ne suivons pas encore les groupes de touristes qui s'éloignent pour se mettre à l'abri.
Finalement, un léger coup de vent, un changement de pression, l'odeur de la pluie au loin : tous les signes sont là, c'est sûr, impossible d'y échapper. Nous faisons nos affaires et nous nous éloignons à notre tour sous les gouttes qui s'épaississent de plus en plus.

Nous trouvons un abri dans un restaurant qui a été réservé par une association ce weekend : l'association de penny farthing (grand bi) d'Indonésie. Pas contraignants, ils nous invitent à nous abriter avec eux, le temps que ça se calme.
Au passage, nous discutons avec eux de cette passion qui les unis.


Le lendemain, nous nous dirigeons vers le sud de Djogja : nous avons trouvé un autre atelier de Batik. Nous avons été bien enthousiasmés par notre première tentative et cette fois-ci, nous voulons laisser place à un peu plus de créativité. Et puis, nous sommes à Java, la terre du Batik, il ne faudrait pas passer à côté d'une opportunité pareille.

Le travail des professionnels

John a choisi un motif qui prendra en compte des parties blanches dans le dessin et des traits noirs. Ça fait des nœuds au cerveau pour bien préparer le dessin de cire. De son côté, Daphné se lance dans une nouvelle technique de coloration : le cracking.

Il s'agit de recouvrir le fond d'une cire particulière (et plus souple) et de se lancer dans deux étapes de colorisation. Un premier passage pour le dessin en soi. Ensuite, on détache le tissu et on le plie comme si on essayait de l'essorer. La cire souple va alors se briser en plein de fissures à travers lesquelles la couleur va se fixer.
Finalement, on met une couche de cire sur le dessin déjà colorié et on vient colorier le fond. On peut aussi juste le tremper dans un bac de coloration.

… et le travail des amateurs

Nous repartons très contents de notre production et très impressionnés par le travail de l'équipe professionnelle qui nous encadrait.

Une dernière soirée à Djogja avant de remballer nos affaires. Nous prenons le train le lendemain à travers une partie de l'île de Java en direction de la capitale : Jakarta. Nous n'y passerons qu'une seule nuit car nous avons un vol à prendre pour une prochaine destination très attendue.
Sur cette belle introduction au sous-continent sud-est asiatique, nous refermons le tome de l'Indonésie.