Travel Bellies

Chapitre 6 —

Ubud Bis


21 novembre 2023

Nous sommes de retour à Ubud, car maintenant que Daphné progresse en marche, il faut rendre les béquilles à la clinique. Nous sommes contents d'y retourner puisque c'est une ville qui fourmille d'activités et nous nous sommes quittés sur une mauvaise note—c'est l'occasion parfaite de se rabibocher.

Attention à la marche, hein

Nous avons beaucoup fouillé pour essayer de trouver un hôtel facile d'accès et avec le moins de marches possibles, mais pas de chance, nous logeons quand même à un étage. Tant pis, ça nous fera de l'exercice.

Pour ce qui est des activités, nous avons trouvé un atelier de batik au nord de la ville qui nous semble parfait pour changer nos habitudes de dessin. Le batik, c'est une technique traditionnelle indonésienne (javannaise plus précisément) pour teindre les tissus. On utilise de la cire d'abeille chaude pour tracer des motifs sur la toile. À l'étape de la coloration, la cire empêchera la couleur de prendre aux endroits où elle a été posée. Une fois la couleur fixée et la cire retirée à l'eau bouillante, on se retrouve avec un dessin délimité par des traits blancs (là où il y avait la cire avant).

Première étape : choisir un dessin. L'atelier nous fournit un grand rectangle de coton blanc et des modèles composés de motifs traditionnels déjà dessinés par leurs soins.
Pour notre première tentative, nous préférons utiliser les motifs déjà fournis. Mais Daphné tente quand même des idées de textures pour le fond en discutant avec l'instructeur.

Une fois qu'on a notre dessin, il faut le décalquer sur le tissu fourni. Jusque-là, ce n'est pas trop compliqué. Tout le monde s'en tire avec brio.

Étape suivante, c'est là que ça se corse. Nous apprenons à manier l'outil qui nous permet de déposer la cire sur le tissu : le canting (dire tchanting). Il s'agit d'un petit bambou de la taille d'un stylo sur lequel a été fixé un réservoir et un petit bec. On le trempe dans la cire chaude (et donc liquide), et en le tenant à 45° environ avec deux doigts, il faut repasser sur nos traits de crayons.

Il faut apprendre à bien doser la quantité de cire. S'il y en a trop peu, ça refroidit et ça se solidifie trop vite. S'il y en a trop, ça déborde et on peut faire des tâches, voire se brûler. Pour le geste aussi, il faut aller assez vite pour ne pas faire de pâtés, mais pas trop vite non plus pour que la cire puisse bien pénétrer le tissu.

Heureusement, l'erreur est permise et si on tache le tissu, on peut retirer la cire. Il suffit de la faire chauffer (généralement avec une cuillère en métal) et de gratter ce qu'il y a en trop.
Nous avons le droit de nous entraîner un peu avant de passer à notre chef-d'œuvre. Malgré tout, nous faisons quelques erreurs que nos encadrants nous aideront à corriger par la suite.

Comme nous avons signé pour le cours long, nous avons aussi le droit d'utiliser les tampons de cire. Nous les appliquons pour faire les bordures et c'est clairement plus facile que de tenir notre petit stylo de bambou.

Notre dessin terminé, nous passons à l'étape de coloration. Cet atelier propose une quinzaine de couleurs et ils ont dessiné un beau nuancier. Nous passons donc beaucoup de temps à froncer les yeux devant celui-ci, puis chercher sur la table le bon numéro, choisir où le mettre, etc.
C'est un peu comme la peinture à numéros ; on peut dépasser légèrement sur le trait car de toute façon, c'est protégé par la cire. On peut aussi essayer des techniques où on met deux couleurs l'une par-dessus l'autre pour faire des nuances et des dégradés.

Une fois la toile colorée de partout, il faut l'exposer quelques minutes au soleil pour que les couleurs prennent bien. Certaines n'ont pas encore la teinte finale, il faut donc faire preuve d'imagination.

On bronze

Ensuite, il faut fixer les couleurs dans un bain de quelques produits chimiques. Là, le travail est presque fini, il faut juste retirer la cire. Donc on bout le tissu, tout simplement.
Il n'y a plus qu'à laisser sécher.

Et voilà les chefs-d'œuvre !

Nous nous surprenons à nous dire qu'on pourrait quasiment en faire à la maison.

Pour compléter le séjour, nous irons à la Monkey Forest, où nous faisons un petit tour dans un morceau de jungle habité par plusieurs troupeaux de macaques. Il y a des infrastructures aussi comme un temple, des plateformes d'observations et des espaces pour nourrir les primates. Et puis quelques sculptures pour décorer tout ça.
Et surtout, il y a des touristes qui se baladent partout et qui, dans un étourdissement général, se font avoir par les singes qui prennent contrôle des sacs à dos pour y chercher une friandise à se mettre sous la dent. On a un peu pitié de ceux qui se font avoir.

Plus on regarde, plus on remarque de singes

Puisque ce sont nos derniers jours à Bali, nous terminons sur un massage balinais. Rien à dire, c'est un bon moment de détente avant de changer d'île. Eh oui, Bali c'est fini !

Et dire que c'était l'île de ma première entorse …