Travel Bellies

Chapitre 1 —

Touristes del Paine


29 avril 2023

Partir à Punta Arenas, c'est se rapprocher de Puerto Natales, point de départ pour visiter le parc Torres del Paine.

John s'est cru à Punta Cana

Le parc est très réputé et très grand. Il se visite mieux en voiture qu'en navette. Ou en suivant le trek W (3 jours) ou le trek O (plutôt 5 jours). Et louer une voiture, ça coûte cher.

D'autre part, la ville la plus proche (Puerto Natales donc) est à 1h30 en voiture. Donc l'option du logement doit se limiter à ce qu'il y a dans le parc ou juste à l'entrée. Là aussi l'addition revient salée.

Nous avons pris la direction du Chili en se disant que nous aviserons une fois sur place.
Notre bus de 12h d'Ushuaïa à Punta Arenas nous laisse l'occasion de discuter avec Laura et Kate qui se posent les mêmes questions que nous et qui arrivent aux mêmes conclusions.

L'union faisant la force, nous unissons nos porte-monnaies et organisons les prochains jours pour visiter le parc.
La saison touche à sa fin, et c'est un peu la course pour trouver des opportunités au dernier moment. Les agences et les hôtels sont en train de fermer. Nous réussissons, en une après-midi, à trouver une voiture, trois logements différents pour les trois nuits à venir et à préparer une liste de courses.

Le détroit de Magellan, c'est par là


Nous nous retrouvons donc à Puerto Natales pour récupérer la voiture et être prêts à partir à la première heure le lendemain.
Réveil juste avant la première heure. Le bruit de la pluie sur le toit entame franchement notre motivation et tout le monde traîne du pied pour se lever.

Une fois partis, nous longeons la mer et très vite, nous nous enfonçons dans les terres, vers les montagnes qui se dessinent. Les paysages se parent de leurs couleurs automnales.
Malgré le temps gris et pluvieux, nous ne pouvons pas nous empêcher d'admirer le spectacle.

La météo et l'heure à laquelle nous sommes arrivés à l'entrée du parc ont fait que nous avons préféré nous concentrer sur un parcours motorisé du parc plutôt que de nous lancer dans une grande randonnée. Nous économisons nos forces pour le lendemain.

Nous nous promenons entre des petites collines, des guanacos solitaires ou en troupeau ici et là, quelques vaches, quelques chevaux, la Cordillère des Andes en toile de fond et la tête dans les nuages, la végétation orangée et des lacs d'un bleu incroyable malgré le temps couvert.

Non, ce bleu n'est pas photoshoppé

La route se transforme, serpente et se fait plus rocailleuse. Elle devient boueuse, gravillonneuse, et par endroit se transforme en champ de nids de poule. La conduite devient technique.

À la fin de la première journée, le véhicule est très très sale.

Un guanaco, le cousin sauvage du lama


La vue la plus connue du parc est celle des Torres del Paine qui donnent donc le nom au parc. On ne peut pas rater ça mais ça se mérite. La randonnée pour y accéder se fait en 8 heures (aller-retour) et nous annonce un dénivelé positif de 1200m. Sachant que de notre logement, il faut compter 1h20 de route avant de rejoindre le départ de la randonnée.

Réveil à 6:00, début de la marche à 8:15. Il fait encore nuit, il faut sortir les lampes.
Nous commençons avec 1km de plat pour atteindre l'hôtel d'où part la randonnée. Oui, nous aurions préféré se garer directement à l'hôtel mais on ne nous a pas laissé passer. Surtout qu'ils exagèrent, l'hôtel fermait le soir même pour la fin de la saison.

Un troupeau de chevaux !

L'ascension démarre un peu plus loin, sous le lever du soleil qui filtre timidement à travers les nuages.
Nous cheminons à travers les arbres qui sont parés de leurs plus belles couleurs. En se retournant, on peut apercevoir la vallée et le lac Nordenskjöld. En chemin, nous croisons d'autres groupes de lève-tôt.

Les chatoyantes couleurs de l'automne

Nous atteignons un point de vue qui s'appelle paso de los vientes, le passage des vents, là où la petite vallée s'ouvre sur la grande vallée. Heureusement pour nous, le vent ne s'est pas encore levé. Un blog nous avait promis une rando inintéressante avant le mirador ; notre conclusion est tout à l'opposée, c'est une formidable série de panoramas qui nous accompagne.

Arrivée vers 11:00 au refuge d'où partent certains randonneurs, nous enchaînons jusqu'au dernier repère avant la vraie ascension. On nous indique qu'il faut plus d'une heure pour atteindre le sommet. C'est là que ça devient technique.

Plus on monte, plus on perd en visibilité. Dans le contrebas, nous pouvions voir quelques flocons de neige fondus mélangés au crachin qui tombait. Désormais de la vraie neige tombe du ciel. Encore quelques mètres d'ascension et elle devient plus épaisse et tient aux arbres. Ce décor peine à nous détourner l'attention de la grimpette, qu'un autre vaillant décrit comme bastante brutal.

Le beau manteau de neige

Le sommet est enfin atteint ! Et à notre grande déception, le nuage qui coiffe la montagne nous empêche de voir les fameux pics. Nous aurions dû nous en douter : la météo en général, la moue dépitée des randonneurs qui redescendaient, …

Armés de sandwiches, de patience et de nos manteaux, nous attendons que ça se découvre. Bonne ambiance à la fraîche avec les autres randonneurs, pendant que les souris et les piafs dodus tentent de nous chourer nos provisions.

Les copaines del Paine

La vue s'est assez dégagée pour distinguer vaguement l'ampleur du panorama. On se rappelle avoir lu dans un autre blog que du lac au sommet il y a la hauteur de sept tours Eiffel, fait qui est dur à croire mais facile à reblogger sans vérifier. Une fois que le brouillard reprend de plus belle, tout le monde se rhabille ; le chemin du retour nous attend.

Entendu pendant la descente :

  • On en aura peut-être vu plus que ceux partis plus tôt, ou ceux arrivés plus tard,
  • C'est pas la destination mais le chemin qui compte,
  • Au pire, on pourra se photoshopper sur une photo de carte postale …

L'énergie matinale passée, le retour nous finit bien les cuisses et genoux. Maintenant habitués aux routes en gruyère, notre équipée sauvage glisse dans le Suzuki Grand Campeur, couvert de boue, jusqu'à bon port.

La soirée est gaillarde, et l'absence de tire-bouchon ne nous empêche pas d'ouvrir (au système D) la bouteille de rouge argentin pour célébrer cette grosse journée.

Demain, est-ce qu'on tente l'autre rando qui nous fait de l'œil, avec 2h30 de montée à pic ?


Les aventuriers féroces que nous formons optons donc pour la balade de 45 minutes quasi à plat jusqu'au mirador Grey. On peut y voir le beau glacier à l'autre bout du lac et les morceaux de glace schtroumfesques qui s'en sont détachés.

C'en est fini pour le parc, retour à Natales pendant que John dort à l'arrière pour se remettre de ces émotions.