Chapitre 1 —
Phú Quốc
25 janvier 2024
Nous tournons une nouvelle page de ce voyage en passant la frontière terrestre du Cambodge au Vietnam par Hà Tiên. C'est une route tranquille d'à peine deux heures depuis Kampot pour longer la côte. Le poste frontière est similaire à celui de Poi Pet, avec la foule et les files d'attente en moins. Les chauffeurs du côté viet sont attablés au café face au poste, prêts à récolter le moindre touriste perdu.


Le conducteur, qui nous explique ne pas être chauffeur, mais plutôt « boss », joue un peu les airs mafieux. Malgré tout, il nous mène sans problème au port, puis de retour en ville une fois que John se rappelle avoir laissé ses vieux dongs en Malaisie. L'intermède n'est pas méchant, le déplacement suivant est prévu une heure plus tard, nous avons le temps de se mettre dans l'ambiance avec un bon cà phê.
Après ce zig matinal vers l'est, nous pouvons commencer notre zag maritime de retour en direction de Kampot. C'est au large de notre étape précédente que se trouve l'île de Phú Quốc ; on pouvait même la voir depuis Kep.
Pourquoi cette destination ? Après de nombreux points que Daphné revisitait, cette fois-ci c'est John qui « connaît déjà ». Nous avons hésité un moment au sujet du début de notre parcours à travers le delta du Mékong et le calendrier nous a permis ce petit détour. C'est donc parti pour (re)visiter la grande île au large du Cambodge où des petits villages de pêcheurs côtoient les développements immobiliers démesurés.
La fois d'avant, le typhon avait empêché de prendre le speed boat, qui secouait notoirement fort. Bon, cette fois-ci nous nous retrouvons sur un ferry tout tranquille qui nous dépose une grosse heure plus tard sur la côte est. Pour continuer son chemin sans raquer auprès des taxis, il faut être patient. Après avoir évité toutes les propositions insistantes, nous arrivons sur un parking sur lequel le bus gratuit attend. Après avoir évité toutes les propositions insistantes, nous arrivons sur un parking sur lequel le bus gratuit attend. Départ prévu 40 minutes plus tard ; juste le temps de se faire des copains avec qui traîner pour les jours à venir.
Nous nous installons dans une espèce de maison juste à côté du marché de nuit, il n'y aura pas loin à chercher pour le dîner.

Le premier soir, John revisite le port et son petit temple face à la mer. Ensuite il est temps de se mettre en chasse : phở ou bò bún ? Après vérification, le bò bún tel qu'on le connait à l'étranger n'est pas courant au Vietnam, encore moins dans le sud. C'est peut-être une variation du bún bò Huế, beaucoup plus courant.


Nous errons à travers les petits bouibouis et finalement, nous trouvons de quoi nous remplir la panse avant de retourner chasser les moustiques de notre demeure.
Avec le souvenir ému des rues empuantées, où chaque maison arborait des rangées de bidons d'anchois en fermentation, nous partons plus sérieusement visiter une vraie usine de nuoc mam. On peut facilement se balader entre les alignements des traditionnels bidons géants entourés de cordes, mais, surprise, pas d'odeur intense. Juste un léger fumet plutôt agréable.

Ça ne devait pas être la saison !
La seule excursion proprement dite que nous prenons le temps de faire est en scooter vers le nord, à peu près comme 6 ans auparavant. Nous passons à côté de « la zone des resorts », pour nous rendre compte que c'est devenu une sorte d'immense parc d'attraction. Ça a l'air tout nouveau et des rangées interminables (plus d'1,5km) de boutiques style Disney-médiéval sont construites mais toujours vides. D'une manière différente, ça nous rappelle la ville fantôme en haut du mont Bokor, visible à l'horizon.

Une fois la déroutante impression passée, nous enchaînons jusqu'au village sur la pointe nord-est ; il a bien sûr également beaucoup changé. Nous faisons le tour d'une curieuse base militaire pour rejoindre un coin de plage … jonché de déchets. Jusque-là la balade n'est pas si réjouissante.
Nous partons alors en direction de la “starfish beach”. En chemin, nous transitons sur un chemin de terre, et c'est le moment émotion : c'est ici, dans la gadoue, que John a appris à faire du scooter ! Cette fois-ci c'est plutôt la saison sèche, la gadoue a tourné au sable, et le terrain d'apprentissage est devenu un parcours du combattant, nécessitant moult dextérité pour éviter la chute.
Pas de chute, mais la palme revient tout de même au scooter qui nous a doublé, chevauché d'un couple d'Américains dont le conducteur avait une jambe de bois.

Après être arrivés tant bien que mal à destination, John reconnait la plage : c'est plus sympa en haute saison ! Il fait beau, les restos de pêcheurs sur pilotis sont ouverts, la balade sur le ponton permet de découvrir les carrés de pêche pour touristes. Nous commandons un peu trop de salade de hareng avec du garlic fried rice, la sieste sur hamac est tout indiquée. Réveil très agréable, c'est bon, ça valait le coup de revenir ici.

Retour sur la terre ferme, puis plusieurs dames nous approchent la bouche en cœur ; nous comprenons rapidement la proposition commerciale ultra maline du coin :
- On nomme la plage d'après les petites bêtes
- On s'assure qu'aucune petite bête ne traîne sur la plage
- On explique, très désolés, aux touristes, qu'il n'y a plus de petite bête, mais que pour la modique somme négociable de 200 000 dongs par tête (7€50) on les emmenera en bateau à la plage suivante.
Motivés, nous reboutons ces tentatives maladroites, et nous longeons la plage sur 3,5km pour rejoindre la « vraie » starfish beach. L'eau est à une température absolument parfaite, les étoiles de mer pointent le bout de leur nez, les autres touristes (surtout russes) vont et viennent en bateau. Certains ont même apporté un barbecue avec eux !


Nous rentrons au centre-ville, satisfaits. L'île attire de nombreux projets immobiliers farfelus, mais elle reste couverte de jungle et entourées de belles plages. On n'ira pas jusqu'à la recommander aux touristes autres que russes ou chinois, mais pour nous ça méritait le détour.