Travel Bellies

Chapitre 8 —

Lima


2 août 2023

C'est avec un mélange d'excitation et d'appréhension que nous nous dirigeons vers Lima. C'est notre dernière étape péruvienne d'une part mais c'est aussi notre dernière étape en Amérique du Sud. C'est une page de notre aventure qui se tourne et ça nous fait tout drôle.

Nous sommes arrivés en bus (pour changer) au cours de la soirée dans la zone de la ville qui accueille notre compagnie de bus. Nous nous dirigeons à pied, un peu par hasard vers l'axe routier le plus proche qui est clairement un périphérique nord–sud de la ville. Nous nous faisons apostropher par un gars qui fait un feu sur le bord d'un trottoire et qui nous indique que nous sommes à l'orée d'un coin dangereux et que nous ferions mieux de contourner. C'est un quartier où on peut trouver de la drogue et il y a plus de gens qui en entrent que de gens qui en sortent. Il nous dit ça d'un air parfaitement naturel, comme s'il était le guide touristique du quartier.

Bref, il nous accompagne jusqu'au metropolitano (réseau de bus rapides aux voies dédiées) le plus proche et après discussions avec l'agent de la station, nous sautons dans le bus en direction de notre Airbnb, proche du centre.

Lima étant une grande métropole, le trafic y est très dense. Nous prendrons régulièrement les bus et metro (toujours des bus donc mais plus rapides) en nous mêlant à la foule des Liméniens. Plus rarement, nous prenons des taxis plus ou moins informels, surtout quand nous n'arrivons pas à trouver un bus pour notre trajet.
Ici non plus, pas de plan des lignes mais il y a des numéros de lignes sur les arrêts, ce qui représente un net progrès par rapport aux réseaux de transports en communs rencontrés ces derniers temps.
Cela ne nous empêche pas de crier interrogativement le nom de notre destination en montant dans le bus, afin de vérifier que nous n'allons pas nous retrouver inopinément à l'autre bout de la ville.

Où va-t-on se perdre ?

C'est ainsi que nous nous aventurons jusqu'au quartier du musée Larco, célèbre musée d'archéologie péruvienne, installé confortablement dans un bâtiment qui croule sous les fleurs.
Nous constatons, avec un peu d'orgueil, que nous arrivons à distinguer certains styles de poteries des autres : de l'inca par ici, du paracas par là et des motifs nazca. Après tout, il s'agit quand même de styles très différents et nous continuons d'apprécier ces petits détails.

Le musée expose une grande collection mais ouvre aussi les portes de sa réserve (ou tout du moins, une partie) : des murs de poteries classées par style et par thème s'alignent dans des salles à la fin de la visite. Il y en a tellement que cela donne le tournis.

Mention spéciale pour la galerie érotique qui se visite ensuite et qui nous rappelle que l'espèce humaine a décidément toujours eu le même obsession depuis des millénaires.

Nous avons aussi visité un musée qui est dédié aux minéraux péruviens et à la poterie Chancay (du nord du Pérou). Nous y découvrons plein de beaux cailloux, avec des mélanges d'éléments. Il est aussi utile de noter la présence d'une salle fluorescente, qui bien que peu impressionnante a le mérite d'exister.

Un petit détour par la place centrale, qu'on peut contourner mais pas traverser. Elle est lourdement gardée par la police car c'est ici qu'il y a le palais présidentiel et que nous sommes en période de mouvements de contestation sociale. Les manifestations ont donc tendance à s'y diriger. Pour notre part, nous n'aurons rien remarqué en terme de manifestation.

Nous avons pu visiter la cathédrale de Lima, qui abrite les restes osseux de Francisco Pizzaro, colon espagnol qui a fondé la ville de Lima, sous le nom de ciudad de los reyes. Il y a aussi des cryptes dont l'entrée fait à peu près 1,30 mètre de haut. D'autre part, une grande collection d'œuvres religieuses nous permet de continuer à apprécier l'emprise de la religion catholique sur les Péruviens.

Charles Quint qui s'incruste sans pression dans la lignée des dirirgeants incas, si ça c'est pas de l'appropriation culturelle

Le quartier central abrite aussi un parc qui est plutôt à visiter la nuit, en raison des jeux de lumière qui sont déployés sur les 12 fontaines. Évidemment, c'est blindé et c'est un terrain de jeu infini pour les enfants, surtout en période de vacances scolaires.

Nous y avons effectué une déambulation nocturne, à travers la foule des Péruviens qui sont venus profiter du spectacle.


Pour la suite du programme, nous changeons de quartier et nous allons rejoindre les autres touristes dans le quartier huppé et moderne de Miraflores. Situé en bord de mer, aggrémenté de quelques maisons et de grandes tours d'habitations et de bureaux, parsemé de commerces propres et lumineux, des restaurants avec une carte environ une fois et demi le prix de leurs congénères dans le centre et des espaces verts agréables et entretenus : on change complètement de monde.

Au programme de cette dernière étape : traîner au parc Kennedy qui abrite une formidable population de chats, qui recoivent les faveurs des habitants du quartiers comme des visiteurs, se promener sur la côte et regarder de loin les surfeurs attendre leur vague.
Nous profitons de l'ambiance détendue de notre hostel pour faire de l'organisation et de l'administratif.

Il y en a un plus investi que l'autre dans cette activité

… et malheureusement, Daphné n'a pas réussi à échapper aux griffes d'un pickpocket expert dans le bus bondé de la ville. Il faudra désormais faire avec un téléphone en moins jusqu'à nouvel ordre. On se paye un petit détour par le commissariat et un peu plus d'administratif pour tout bloquer à distance et récupérer les accès qu'on peut.

Pour se changer les idées, une séance au cinéma s'impose. Puisqu'on a enfin trouvé un cinéma qui fait des séances en VO, on ne va pas se priver. Notre situation dramatique nous fait choisir la comédie de l'été : Barbie, le film. C'est un succès, nous en oublions presque nos problèmes, le temps de la séance.

Mais pas le temps de pleurer les soldats tombés au combat, le voyage ne s'arrête pas pour autant. Le Pérou nous aura beaucoup coûté en imprévus, entre les épisodes de maladie et ce téléphone mais il ne faut pas se laisser abattre. Prochaine étape en moins de 4 heures de vol : direction l'Amérique centrale pour pratiquer une ultime fois notre espagnol avant de pouvoir tout oublier.