Chapitre 3 —
Bilan à mi-parcours
11 août 2023
Nous profitons une dernière fois de l'ambiance latino-américaine et faisons un petit bilan des derniers mois.
Évidemment, le premier constat se porte sur nos progrès en espagnol.
Nous avons atteint l'étape où nous sommes capables de communiquer pour des situations de la vie courante (comme porter plainte), faire du small talk avec les locaux, et bien sûr suivre des visites guidées en espagnol dans les musées.
Décidemment, c'est un bon investissement.
Nous nous rappellons de certaines conversations teintées d'un sentiment de panique de notre côté, lorsque quelques uns de nos interlocuteurs prenaient trop la confiance.
Même quand nous les avertissions qu'il fallait parler doucement.
C'était principalement au début du voyage, disons la première moitié.
Depuis, c'est heureusement moins fréquent.
Nous avons même la fierté de dire qu'on a régulièrement complimenté nos capacités linguistiques. Nous supposons que c'était certainement accompagné d'un sentiment de politesse générale mais nous acceptons tout compliment qu'on nous fera à ce sujet.
Nous avons sûrement une trop haute opinion de notre culture culinaire mais nous avons été décus de l'expérience culinaire quotidienne.
Bien sûr, si on cherche et si on met la main au porte-monnaie, on peut trouver des très bons plats, innovants avec des ingrédients locaux sublimés.
Mais au quotidien, nous faisons le triste constat de voir que les plats de base sont un morceau de viande (poulet souvent, bœuf et parfois poisson grillé à proximité des côtes) accompagné de frites ou de riz.
Dans des pays qui se targuent d'avoir plus de 1500 espèces de pommes de terre, on s'attend à autre chose que des frites à base de pomme de terre générique.
La version a la pobre de ces plats est accompagnée de deux œufs sur le plat. Nous nous retrouvons avec une portion plus que nourrissante. Beaucoup de choses à base de friture, ou qui sentent le réchauffé. Difficile sans guide local de savoir bien choisir. L'influence nord-américaine n'est pas loin et l'avantage que nous y voyons, c'est de pouvoir partager un plat pour deux.
Nous nous rappellons quand même que l'Argentine et le Chili ont été parcourus avec comme objectif principal de cuisiner ses propres repas. Cela fait une différence non négligeable sur le budget, surtout au Chili.
Au final, c'est dans les comedores que nous avons régulièrement trouvé notre compte.
Les comedores sont des cantines, généralement à l'étage d'un marché, où les mêmes plats sont proposés par des rangées de bouibouis qui sont collègues et concurrents à la fois.
Dans les petits restaurants de rue, souvent sous format de menu (surtout au Pérou), on choisit une entrée et un plat chaud, servis en même temps, parfois accompagnés d'une boisson.
C'est pratique, rapide et économique : on approuve.
Nos estomacs régulièrement bouleversés par nos tentatives d'alimentation nous ont malheureusement amenés à nous restreindre sur la street food. Mais ce n'est que partie remise !
Nous avons fait de notre mieux pour goûter un peu de tout et des spécialités locales. Manger du lama, du guanaco et autres consorts, c'est quand même inhabituel. La variété des plats en sauce nous a fait regretter le panier de pain, considéré comme acquis par chez nous.
Du côté de la culture, nous avons été ravis d'avoir l'occasion de découvrir à plusieurs reprises les cultures pré-colombiennes. Déjà parce que, vu d'Europe, on ne soupconne pas la richesse et la diversité de celles-ci : la poterie, le textile, les minéraux, la sculpture, etc. Et puis la poterie ça se conserve bien donc nous avons vraiment eu l'occasion d'étudier la question.
Les ruines donnent aussi de quoi s'émerveiller. Mais il est dommage que la présence de guide soit si utile pour bien saisir le sens de tout ce qu'on voit. Il y a peu d'explications écrites dans ces sites à ciel ouvert. Nous avons tendance à aimer traîner des pieds, se poser pour faire des dessins et cela n'est pas très compatible avec l'obligation de suivre le rythme d'un guide. Nous avons bien réussi à travailler avec des guides audios de temps en temps mais c'est difficile de trouver quelque chose de qualité.
Côté nature, c'est certainement en Patagonie (chilienne et argentine) que nous avons le plus travaillé la question des randonnées et il faut dire qu'elle n'a pas volé sa réputation de région immense et pittoresque.
Tout y est décuplé, l'horizon est beaucoup plus large que ce à quoi nous sommes habitués.
C'est un spectacle absolument incroyable, il faut le voir pour le comprendre.
Nous espérons avoir l'occasion d'y retourner un jour.
Nous avons eu la chance de parcourir des paysages incroyablement variés (et heureusement, vu les kilomètres parcourus). Entre les glaciers, les déserts, les montagnes et on en passe, nous avons eu plusieurs fois le souffle coupé face aux spectacles de la nature.
Et puis bien sûr, tout au long de notre périple, il a fallu faire des choix et renoncer à certaines étapes, par manque de temps, parce que le détour était trop compliqué d'un point de vue logistique ou simplement parce qu'il faut faire des choix.
Il y a des régions qui nous ont fait de l'œil et là aussi nous espérons y revenir un jour.
Il reste encore tant de choses à découvrir.
Nous avons fait aussi des belles rencontres au cours de nos séjours.
Certaines éphémères et d'autres que nous espérons moins mais seul le temps nous le dira.
Évidemment, impossible d'éviter la masse des touristes (comme nous) et impossible de ne pas se retrouver régulièrement en présence de voyageurs au long terme (encore plus comme nous).
Ça nous fait des points communs sur lesquels s'accorder (Vous aussi ça vous manque la raclette ? — Les Suisses en train de prendre le soleil au milieu du désert) et des points de divergence sur lesquels disserter (Comment vous n'allez pas en Colombie ?! Mais c'est un pays magnifique que vous ratez !! — Quelqu'un fan de Colombie, donc).
En dehors des autres touristes (principalement européens et occidentaux), nous avons rencontré des locaux généralement accueillants et bienveillants. C'est sûrement grâce à eux que nous avons gagné en aisance en espagnol.
Ce qui ne nous manquera pas :
- L'inconfort de certains trajets en bus : soit parce qu'ils sont deux fois plus longs que prévus, soit parce que la route est sinueuse et mal asphaltée
- Les taxis qui klaxonnent pour vous faire savoir qu'ils sont libres (Ici ils n'ont pas inventé le petit panneau lumineux), les voitures qui klaxonnent juste avant de se présenter aux intersections, les bus qui ont un personnel dédié pour crier les destinations du véhicule et faire du raccolage ; bref, le bruit de la rue
- Les musées à visite guidée obligatoire ; vraiment, nous préferons prendre notre temps
- Mettre le papier toilette dans des poubelles et non dans les toilettes. On va avoir du mal à changer de réflexe. Et les toilettes payantes à toute occasion, même si ce n'est pas si cher
- Se faire alpaguer dans la rue pour nous attirer dans un restaurant ou nous vendre un souvenir
- Les galères avec les services de base comme la poste ou les transports en commun
Ce qui nous manquera :
- La beauté des paysages traversés
- Les bébés alpacas
- La météo qui a été globalement très ensoleillée
- Les couleurs des rues, des boutiques, des décorations
- Faire des papouilles aux chiens errants. Même si ça brise le cœur de les voir à la rue, on espère—pour leur propre bien—en croiser moins à l'avenir
- Babiller en espagnol
- Dessiner les poteries et les sculptures locales
Sur ces constats globalement positifs, nous adressons nos dernières salutations à l'Amérique latine et nous nous dirigeons vers la suite des aventures.