Travel Bellies

Chapitre 1 —

Panama split


7 août 2023

Encore une nuit agitée, il fallait s'y attendre. Le décollage est prévu à 2:37, et nous sommes toujours étonnés par le rythme ininterrompu ; ADP fait au moins semblant de se ralentir la nuit.

Pas de chance pour nous, nous nous trouvons dans les sièges du fond : pas de possibilité d'incliner les dossiers. La nuit sera inconfortable et interrompue vers les 4:00 et des poussières pour nous servir un petit déjeuner. Non seulement nous n'avions pas faim mais en plus c'est pas bon. Difficile de dormir jusqu'à l'atterrissage, qui a lieu vers 6:00.

Nous débarquons complètement groggys de la nuit et nous sommes tout de suite saisis par la chaleur et l'humidité ambiante. Nous sommes de retour dans l'hémisphère nord, l'équateur est encore proche et il fait un climat tropical. Le manque de sommeil couplé à une absence flagrante de signalétique pour nous diriger vers les transports en communs fait qu'on s'attarde un peu trop longtemps à essayer de trouver la sortie de l'aéroport.

Enfin, nous arrivons à prendre le métro. Il est beau, il est propre, il est efficace et pas cher. Voilà un premier bon point pour le Panama.

Arrivés vers 9:00 à l'hostel, nous sommes trop en avance pour pouvoir prendre possession de nos lits. Heureusement, il y a des canapés fort confortables qui nous aiderons à gagner quelques heures de sommeil.

À notre réveil, nous partons à la recherche d'un déjeuner dans le quartier puis d'un café. C'est le moment de reprendre nos esprits et de déambuler entre les tours qui s'étirent vers le ciel et qui affichent toutes des noms de banque. Ici c'est tropical et moderne : dès qu'on rentre dans un bâtiment, on se prend un coup d'air froid, la climatisation est vraiment à fond. Nous nous faisons la réflexion qu'à ce rythme, on va repartir avec un rhume.

Serait-ce le début d'un ouragan qui nous accueille en toile de fond ?

Une fois nos marques prises, nous nous organisons pour les quelques jours à venir sur la ville. Notre première visite se fait vers le vieux centre-ville, seul quartier qui a encore gardé le charme de l'architecture coloniale. On y trouve de belles facades fraîchement rénovées côtoyant d'autres bâtiments qui attendent désespérément leur tour. La vieille ville s'ouvre ensuite vers l'océan Pacifique et l'horizon de gratte-ciels, depuis ce qui fait office de remparts.

À ne pas rater, l'intérieur de la cathédrale.

Il y a aussi le musée du canal, qui nous permet de nous familiariser, d'abord rapidement avec la partie pré-colombienne du pays.

Mais très vite on se dirige vers l'histoire du canal, et ce ne fût pas une mince affaire. Les différentes nations qui ont eu l'idée de créer un passage entre les deux océans se sont succédées et plusieurs études exploratoires ont été menées. La difficulté première étant de franchir la jungle dense de l'isthme et ses nuées de moustiques.

Les Espagnols ont d'abord tracé de dangereux caminos à travers la jungle, mais au XIXe siècle les États-Unis construisirent un chemin de fer pour faire transiter l'or nouvellement découvert en Californie. Lesseps, fort de son expérience à Suez, embarqua plus tard les Français dans la construction d'un canal : il serait au niveau de la mer, creusant à travers une montagne invraisemblable. Ce détail inextricable s'ajouta aux conditions terribles et à un scandale financier pour faire abandonner l'entreprise.

L'indépendence du Panama (précédemment colombien) permit aux États-Unis d'encore une fois reprendre le flambeau, optant pour un plus raisonnable canal à écluses. Tout cela dans une ambiance compliquée (toujours la fièvre jaune et la malaria qui rendent les choses délicates), où des milliers de travailleurs migrants perdirent la vie.


L'excursion suivante se fait vers le très célèbre canal du Panama. Nous nous y rendons en transports en communs et nous sommes les seuls à choisir ce moyen de locomotion : les 20 minutes de marche qui nous séparent de l'entrée du visitor center se sont faites en solitaire.

« Est-ce que c'est bien là ? »

Mais une fois sur place, nous constatons que les hordes de touristes sont bien là, amenés dans le confort du Hop-on Hop-off. Et quelle surprise, nous apprenons que le visitor center comporte une salle de cinéma Imax 3D, pour un film de 45 minutes narré par Morgan Freeman lui-même.
On ne peut qu'admirer le budget et la détermination de ce visitor center.

Le billet d'accès nous permet d'aller voir la dernière écluse du canal avant l'océan Pacifique. Et quelle chance, nous arrivons pile pour le passage d'un gros transporteur. Nous rejoignons les autres touristes et nous écoutons les commentaires du guide du jour, qui commente toutes les étapes du passage de l'écluse de façon très didactique.

Ensuite séance popcorn pour écouter Morgan Freeman nous raconter pourquoi le Panama est un pays incroyable et pourquoi le canal est une des merveilles modernes du monde. Comme c'est Morgan Freeman qui le dit, on le croit.

Fun fact, le droit de passage est déterminé au poids, le plus petit billet ayant été facturé à un aventurier un peu fou.

Le motto du canal A land divided, a world united a été trouvé par une équipe marketing affutée et on ne peut que la féliciter.

Chapeau bas