Chapitre 4 —
Cuisine chilote
23 mai 2023
Pour notre première matinée dans le palafito de Castro, nos hôtes nous servent un petit déjeuner généreux. Ensuite, la maîtresse de maison nous propose de goûter une sorte de beignet qu'elle vient de préparer. Ventres voyageurs obligent, nous nous plions, et découvrons la joie de la tortilla de papa, fait de pomme de terre et de farine fourrés à la viande. Malgré le nom, peu de rapport avec son éponyme espagnol.
Occasion à ne pas rater, nous demandons si elle veut bien nous faire un cours. Rendez-vous pris pour le lendemain.
Il faut se dépêcher de rentrer de la promenade, ça va être l'heure du cours de cuisine ! Notre hôte se rend parfaitement disponible, ne veut pas nous laisser acheter d'ingrédient, nous nous sentons presque mal. Mais une fois qu'on se met à éplucher les patates, la bonne humeur prend le dessus.
Session d'épluchage d'une demi-douzaine de patates à purée, donc. Nous regrettons l'absence d'économe ; c'est vraiment une fois qu'on n'en a pas qu'on se rend compte à quel point c'est bien un économe.
Il faut ensuite laver les patates et on apprend qu'il n'y a pas besoin d'enlever les yeux noirs, ici on laisse cette épreuve aux restaurants qui veulent donner une bonne apparence.
Couper les patates en tranche, les faire bouillir environ une demi-heure, puis les égoutter, de sorte qu'on puisse les écraser en purée.
Les écraser en purée, donc.
Laisser refroidir de sorte à pouvoir la manipuler. Mais avant, ajouter environ la moitié du volume en farine. Enfin, en faire des boules à la main, d'environ la taille d'un poing—mais personne ne viendra vérifier.
Je pense avoir raté une carrière dans l'écriture de recettes.
Précision importante fournie durant cette leçon : il faut faire tout ça d'une traite. Histoire que l'humidité (et probablement en particulier celle de Chiloé) soit comme il faut.
Former un creux dans chaque boule pour y insérer la garniture. Nous avons mis le traditionnel chicharrón de cerdo, de marque Llider à la mode chilote (comme des rillettes en plus fibreux). C'est là que la créativité serait bienvenue ; nous pensons réessayer avec de la confiture, du fromage, des rillettes de poisson … et des rillettes qu'on puisse trouver chez nous !
Placer les boules (environ une par patate) sur une planche graissée. Glisser le tout dans un combi four/poêle à l'ancienne, pour une vingtaine de minutes en vérifiant en cours de route. Par souci de pédagogie, papoter au coin du feu pendant les vingt minutes susdites sans vérifier ; retourner les boules dans la précipitation avant qu'elles ne brûlent encore plus.
Laisser une dizaine de minutes, plus attentives cette fois-ci, avant de sortir les tortillas et les laisser reposer.
Après au plus cinq secondes d'attente interminable, déguster, avec obligatoirement une boisson chaude, aux heures de goûters.
Nous sommes très reconnaissants envers notre gentille hôte, qui a été patiente et articulée. L'expérience était fort sympathique, et nous pourrions presque rentrer satisfaits à Paris. Mais on va continuer le voyage, il reste d'autres occasions d'apprendre à cuisiner des bons plats.