Chapitre 2 —
Pas de soucis à Potosí
17 juin 2023
Notre première vraie expérience au contact de la Bolivie et de ses habitants se fait à Potosí. Cette ville est accessible en quelques heures depuis Uyuni via une belle route panoramique parsemée de lamas.
Débarqués au terminus, nous regardons passer les collectivos en guettant celui qui affiche une destination proche de notre hôtel. Une fois repéré, nous lui sautons dessus et nous nous entassons avec d'autres Boliviens pour le prix modeste de 3Bs à deux. Soit en euros : 0€40. En effet, nous sommes dans l'un des pays les plus pauvres d'Amérique du Sud.
D'ailleurs, ils rachètent aux Chinois et aux Japonais leurs minibus.
Et visiblement, changer les inscriptions n'est pas leur priorité.
On se retrouve parfois à regarder défiler des collectivos avec des kanjis et des idéogrammes.
Un avant-goût d'une future étape ?
Nous avons découvert l'histoire de la ville à travers notre visite de la casa de la moneda de Potosí. Cette ville est née sous le joug des Espagnols qui ont entrepris d'exploiter les multiples filons d'argent du Cerro Rico au XVIIIe siècle. C'est ce qui a fait la richesse de l'Espagne, et de Potosí la ville la plus importante d'Amérique à l'époque.
Il n'est évidemment pas la peine de préciser que ce sont les indigènes qui trimaient dans les mines, dans la fabrique de monnaie. Les Espagnols ont aussi essayé de faire venir les esclaves d'Afrique mais les conditions climatiques les rendaient très peu rentables. À la place, ils sont partis dans les plaines tropicales cultiver la coca, avec laquelle étaient rémunérés les indigènes …
Aujourd'hui encore, les filons de la mine sont exploités, bien que de façon moins importante qu'avant. Toujours dans des conditions précaires et questionnables, et avec une espérance de vie dangereusement basse pour le XXIe siècle. Ça se visite mais nous préférons passer notre chemin.
La visite de la casa de la moneda nous permet donc d'étudier plutôt la partie post-mine de l'exploitation. Tout le processus de transformation en pièces d'argent nous est expliqué, les différentes générations de machines et les différentes générations de pièces produites. Nous pouvons admirer quelques pièces d'art en argent, en huile sur toile et des cailloux venus des entrailles de la Bolivie.
On nous explique aussi comment les Espagnols ont évangélisé les indigènes en fusionnant le mythe de la Pachamama (la Terre-mère) et celui de la Vierge Marie. Sur les tableaux, elle est représentée avec un manteau large, en forme de montagne, debout sur un croissant de lune et avec le soleil qui rayonne dans son dos.
Notre seconde visite culturelle se porte sur le couvent Santa Teresa, le couvent des Carmélites.
Là aussi, nous sommes face à une brutalité différente, mais une brutalité quand même.
Les jeunes filles entraient au couvent à l'âge de 15 ans pour ne plus jamais en ressortir, ni revoir leurs familles.
Bien qu'il fût possible de communiquer avec eux, il ne pouvait pas y avoir de contact visuel.
La visite guidée nous emmène vers les deux patios, le chœur de l'église attenante, différentes salles emplies d'œuvres d'art, de livres et de vêtements pour le clergé.
Nous découvrons aussi une petite salle dans laquelle sont exposés les instruments de pénitence.
Décidément, il ne faisait pas bon d'être Carmélite.
Peu de photos de ces visites ici, puisqu'on y fait payer en plus le droit photo. Certaines des salles farfelues du couvent nous ont fait regretter cette avarice.
Dernière découverte culturelle, et pas des moindres. Les fœtus de lamas. Oui, vous avez bien lu. Ou des lamas de quelques jours. Pour peu, on les confondrait avec des peluches.
Ils se vendent dans les boutiques ésotériques et de médecine traditionnelle. Il paraît que ça porte chance si on les met sous sa maison.
Voilà pour nos aventures culturelles potosiennes.
L'autre volet important qu'il faut retenir de la Bolivie, c'est qu'on se permet à nouveau de se refaire des restaurants à tous les repas. Fini la cuisine (au moins pour un petit moment).
Nous avons commencé par étudier la spécialité du coin : le k'apaculca. Il s'agit d'une soupe de maïs, légumes et petits morceaux de viande dans laquelle est glissée une pierre très chaude, pour garder la chaleur.
C'est rigolo, ça arrive sur la table en bouillonnant. Et ça continue de bouillonner pendant au moins encore 3 bonnes minutes. En termes de consistance, c'est plutôt épais. Et c'est tout à fait bienvenu lors de nos fraîches soirées à 4800m d'altitude. Nous avons testé trois versions différentes et à chaque fois, nous étions dans les meilleures dispositions pour partir en sieste ou en gros dodo.
Les autres spécialités que nous avons testées jusque-là : encore de la viande de lama, des brochettes de pis de vache, ce qui s'apparente à une grosse crêpe de viande sur un plat de riz et plein de petites bêtises achetées au coin de la rue.
Maintenant que nous savons tout de Potosí, il est temps de partir sur les routes montagneuses vers, nous l'espérons, un climat plus clément.