Travel Bellies

Chapitre 2 —

Tout roule au calme à Tsuruoka


30 août 2023

Premier trajet en Shinkansen et premières émotions ferroviaires. La réputation des Japonais n'est pas usurpée : les trains sont parfaitement à l'heure, tout est très bien organisé, en particulier le pass de train réservé aux touristes et la réservation de sièges pour les différents trajets.

Surprise de taille : l'espace pour les jambes est bien plus important que tout ce dont nous aurions pu rêver. C'est le luxe absolu.
Et puis ça va très vite. En 3h30, nous avons parcouru environ 450km dont un changement à mi-chemin vers un équivalent d'intercité.

La vue est charmante

Nous regardons défiler le paysage. D'abord la ville, puis des champs, la campagne et ensuite le bord de mer rocheux. Nous avons l'impression d'être dans un film du studio Ghibli. Ce n'est pas la destination mais le voyage qui compte est une phrase qui prend tout son sens quand on parcourt la campagne japonaise en train.

Aujourd'hui, nous prenons la direction de Tsuruoka, ville de 130 000 habitants dans la préfecture de Yamagata. Nous sommes venus ici pour faire la randonnée de Dewa Sanzan. Nous apprenons aussi que c'est la première ville qui a été inscrite sur la liste des villes créatives de gastronomie de l'Unesco et ils n'en sont pas peu fiers.
Nous jetons un coup d'œil à la liste et il se trouve que nous ne sommes pas passés par tant de ces villes nommées, alors que certaines auraient pû facilement faire partie de notre parcours. Nous ne sommes pas dignes de notre nom de voyageurs ventrus.

Nous avons l'après-midi devant nous pour profiter de la ville. Dans le centre : un parc autour d'un temple et quelques petits musées de l'histoire locale. Tout est désert, les gens ont bien compris qu'avec presque 39°C ressentis, il est plutôt raisonnable de rester au frais chez soi.

Le lendemain, nous nous attaquons aux choses sérieuses : la randonnée. Nous partons « à la fraîche » avec le premier bus alors que la température est à peine au-dessus des 30°C. Nous arrivons au pied du mont Haguro, la première des trois montagnes sacrées de Dewa Sanzan. C'est aussi la plus accessible et la plus rapide à parcourir. Seulement une heure de marches pour atteindre le sommet, à l'ombre et à la fraîcheur des majestueux pins de la forêt. (Voilà la théorie.)

Nos premiers pas dans la nature japonaise ! Nous reconnaissons l'atmosphère onirique du Japon que notre imaginaire a créé. On trouve régulièrement des autels tout au long de notre ascension. Chacun est dédié à une divinité différente avec ses pouvoirs spécialisés. Pas un thème de prière n'est oublié, chacun peut trouver son compte. Serait-ce la source d'inspiration des buff d'items de JRPG ?

Environ une heure plus tard et quelques litres de sueurs en moins, nous atteignons le sommet et la satisfaction d'avoir réussi cette folie que de faire une randonnée au Japon en plein mois d'août. Nous sommes rassurés de voir que les autres marcheurs que nous croisons sont aussi en nage. En revanche, nous sommes surpris de voir que certains ont un âge avancé. Un âge auquel, pour des températures plus basses qu'aujourd'hui, on aurait été amené de gré ou de force dans la fraîcheur d'une salle des fêtes climatisée.


La randonnée de Dewa Sanzan est en fait un pèlerinage. Elle consiste en l'ascension de trois sommets de la région qui représentent le présent, le passé et le futur : le mont Haguro, le mont Gassan et le mont Yuzuno. Le plus pratique est de faire l'ascension du mont Haguro en premier, de faire une soirée de méditation avec les moines locaux et ensuite de faire les deux derniers monts en une journée (et elle n'est pas reposante).

Au terme de cette randonnée, on est sensé avoir purifié son âme.

Comme la première partie nous a déjà beaucoup coûté en déshydratation et que nous avons encore beaucoup de choses à faire, nous nous contenterons de se purifier l'âme au tiers présent seulement. Les deux autres tiers sont couverts de sueur.

Pause snack bien méritée


Nous faisons un crochet par l'aquarium Kamo et sa médusante collection de méduses. Nous passons un bon moment à s'extasier devant ces créatures marines qui semblent sorties droit de la préhistoire. Elles ne sont pas toutes seules, il y a aussi des poissons, des crustacés et des phoques qui complètent cette visite.

Nous sommes passés en fin d'après-midi donc leur restaurant était déjà fermé. Nous avons raté l'occasion de goûter des ramens à la méduse ou encore le fugu, ce fameux poisson toxique s'il est mal préparé.
C'est donc après avoir évité la mort (de loin quand même), ou l'indigestion, que nous reprenons la route (ferroviaire) vers le nord, vers de nouvelles découvertes.