Travel Bellies

Chapitre 9 —

Mars Atacama


7 juin 2023

Nous arrivons en milieu de journée à San Pedro de Atacama. En débarquant du bus, un changement d'ambiance s'annonce. Tout est ocre ici : le sol, les murs des maisons en adobe (mélange de terre, de paille et d'eau), la poussière.

Nous voici donc dans le désert (non polaire) le plus aride du monde. Et ce n'est pas parce que c'est un désert qu'il fait une chaleur à crever. Dans la journée, les températures dépassent gentiment le 20°C au soleil, mais dès que ses rayons disparaissent, on passe bien en dessous de 10°C.
Et oui, ici c'est l'hiver. Et il n'y a pas de chauffage … Heureusement, nos polaires, mérinos et autres doudounes ne sont pas loin.

Autre précision, ce n'est pas parce que c'est un désert qu'il n'y a rien à faire. Enfin c'est surtout parce que nous sommes dans une oasis.

Une rue de San Pedro de Atacama, la rue Caracoles, presque piétonne, est remplie d'agences qui vendent des tours et des treks.
Le trek le plus connu est bien sûr celui qui part de San Pedro pour atteindre Uyuni, en Bolivie en trois jours et deux nuits (ou un jour et une nuit de plus si on veut revenir à San Pedro ensuite).
Mais nous aurons l'occasion d'en reparler plus tard …

Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas partagé de photos de nos compagnons canins

Il y a aussi plein d'autres activités, des balades à la journée ou à la demi-journée comme par exemple : des lacs, des thermes d'eaux chaudes, des vallées désertiques, des geysers ou des astrotours. On peut aussi louer des vélos pour atteindre les points d'intérêts les plus proches. Il n'y a vraiment pas de quoi s'ennuyer.

Nous nous lançons sportivement dans la location de vélos. Nous choisissons la gamme intermédiaire et nos fesses nous feront regretter de ne pas avoir pris la gamme supérieure. Quand bien même, nous n'en serions pas sortis indemnes. Ici, nous sommes loin du confort du Vélib parisien : pas d'assistance électrique, les routes sont des chemins poussiéreux et caillouteux.
En revanche, le trafic est très peu dense, et ça, ça fait plaisir.

Petite après-midi en direction du Quebrada del Chulacao rebaptisé touristement gorge du diable. Il s'agit d'un petit canyon qui mène jusqu'à un point de vue sur les alentours. Le silence nous entoure. Pas de vent. À peine une touffe d'herbe. Nous sommes seuls face à la nature.

… et face au Licancabur aussi

Le silence est interrompu par un petit oiseau, un peu perdu, qui vient chanter à côté de nous, à la recherche de partenaires bien cachés. C'est un instant très poétique.

Le retour nous fait prendre conscience que nous venions de monter le canyon. Maintenant, il est temps de le redescendre et c'est beaucoup plus fun.

Puisqu'on arrive encore à s'asseoir, John en redemande et nous en remettons une couche vers la vallée de la lune le lendemain. Elle aussi a subi un renommage touristique car elle s'appelait avant las salinas.
Un départ un peu paresseux nous fait accélérer jusqu'à l'entrée du parc. Le paysage est différent de la veille mais tout aussi saisissant. À intervalles réguliers, nous pouvons poser nos vélos et suivre des petits chemins de randonnée vers plusieurs points de vue.

Même ambiance qu'hier, paysages infinis, silence complet. Entre deux points de départ de balades, la route se fait rude.

La grande variété de décors justifie nos efforts. Le soleil tapant nous rappelle régulièrement à l'ordre et le tube de crème solaire est assidûment vidé. Bien joué : aucun coup ne férira nos deux héros.

Mine de rien, nous fatiguons et nous ne ferons que la moitié du parcours faisable à vélo (en 5h si on tient un bon rythme). Nous faisons demi-tour à partir du moment où les voitures et les minibus des tours arrivent dans le parc.

Nous décidons de prendre une journée pour nous en remettre. Nous en profitons pour booker les expéditions que nous souhaitons faire. Et se laisser porter par le folklore de la fête de Saint-Antoine de Padoue.

Le jour suivant, réveil très très matinal pour être prêts à partir à 4:30. Ce matin, nous avons signé pour aller voir le champ de geysers d'El Tatio. Nous sommes les derniers récupérés par notre minibus avec une horde de Brésiliens et nous partons 90km au nord et à 4300m d'altitude.

Pourquoi ce réveil si matinal ? Eh bien parce que le contraste de température du matin met mieux en valeur les fumerolles des geysers. Nous déambulons au milieu d'ouvertures gargouillantes et à travers la condensation en suivant notre guide qui nous raconte plein de choses intéressantes sur ce site. La formation des geysers est en constante évolution et il est possible que dans quelques années, on ne puisse plus que les voir de loin.

Nous sommes arrivés alors que le soleil se levait. En quelques minutes, le champ de geysers est transformé. On passe d'un endroit intéressant à un espace lumineux et plein de contrastes.

Nous ressortons du parc, nous arrêtons devant une étrange zone marécageuse et notre groupe profite d'un généreux petit déjeuner inclus dans le tour. Il faut juste faire attention aux mouettes qui n'ont pas peur de l'altitude pour tenter de chourer des miettes.
Quelques autres arrêts sur le chemin du retour et nous retournons à la ville sur les coups de midi.
C'est fou ce qu'on peut faire en une matinée quand on se lève tôt.

Une nouvelle aventure nous attend le lendemain, alors on ne traîne pas et on se couche tôt.