Chapitre 1 —
Singapour
28 février 2024
Un dernier pays pour la route. Comme il est petit, ce n'est pas la peine d'y rester trop longtemps. C'est aussi le pays où nous aurons passé le moins de temps de tout ce voyage.
C'est un pays un peu trop bien organisé et propre pour faire office de transition vers la métropole parisienne.
À côté de la civilisation pure et parfaite singapourienne, Paris va nous paraître sale, désordonnée et bien moins alléchante que les food courts à plusieurs étages du coin.
C'est un bonus inattendu pour John qui était déjà complètement sous le charme des food court malaisiens.
Mais alors si en plus il y a plusieurs étages et trois fois plus de stands, il ne faut pas s'y attarder trop longtemps ou il risque de tout dévaliser.
L'étape à Singapour se fait naturellement, car à la différence de la Malaisie, on y trouve des vols directs avec la France. En plus, nous avons trouvé des billets qui nous permettent de faire une escale de deux jours. (Et pour deux fois moins cher qu'un aller-simple SIN–CDG !) Pourquoi se priver de visiter cette ville phare de la région qui attire beaucoup de monde ?
La première excursion que nous faisons dans la ville est autour de marina bay, une baie bordée par le quartier des affaires d'un côté et par le célèbre Marina Bay Sands de l'autre. Nous résistons à l'envie d'aller se percher au 58ème étage et allons plutôt nous promener dans les jardins, qui n'en sont pas moins impressionnants.
Ceux-ci sont accompagnés de deux dômes immenses qui abritent une reconstitution d'une forêt tropicale et de l'autre des plantes et de fleurs de toutes les régions du monde avec des thèmes qui varient régulièrement.
En ce moment : les orchidées du Machu Picchu et—surprise !—le Nouvel An chinois.
Loin d'être dépaysés, nous nous sommes replongés avec plaisir dans ces moments phares de notre voyage.
La visite s'allonge et le soleil se couche. Il fait nuit lorsque nous visitons le second dôme et il fait faim lorsque nous en sortons. Après avoir retraversé les jardins et admiré les lumières des super-arbres sur lesquels poussent tout un tas de plantes grimpantes, il faut trouver quelque chose à se mettre sous la dent.
Direction Lau Pa Sat, le vieux bâtiment colonial de Singapour, devenu un food court florissant au cœur du quartier d'affaires. Il a la bonne idée d'être flanqué d'une allée de stands qui ne font que du satay : Satay street. C'est ici que des groupes peuvent se partager de généreux plateaux de brochettes et comme nous formons un groupe de deux, nous en profitons aussi.
Nous faisons quelques emplettes à Chinatown et découvrons le charme de ce quartier qui, par endroits, a conservé son architecture coloniale. C'est aussi ici que nous mettons la main sur notre premier exemplaire de Singapore Laksa : une soupe de nouilles au curry à ne pas confondre avec la version penangite plus acide et avec du poisson. C'est un carton plein pour John : il trouve ça beau et bon.
De l'autre côté de ce beau marché et son food court à succès, nous visitons le temple bouddhiste du quartier : le temple de la relique de la dent de Bouddha. C'est pas une blague, c'est son vrai nom. On peut bel et bien voir la relique : elle est au quatrième étage, dans un reliquaire, dans une pièce couverte d'or, visible uniquement à travers une vitre protectrice. C'est tellement protégé qu'on n'a pas le droit d'en prendre une photo.
Heureusement le reste du temple est bien aménagé sur tous ses étages et dispose même d'une cantine au sous-sol. Au dernier étage, il y a un jardin d'orchidées et une grande cloche/roue à prières.
Nous faisons un petit tour au musée des civilisations asiatiques. La visite commence par une exposition de bols chinois qui ont été découverts dans une épave au large de l'île. Ils sont présentés de manière si exhaustive que ç'en est presque rébarbatif, mais c'est une bonne introduction pour expliquer la place centrale qu'avait Singapour dans les échanges commerciaux maritimes entre la Chine et le Moyen-Orient depuis des siècles.
La suite à l'étage se consacre aux œuvres d'art issues des différentes religions de l'île. C'est un bel aperçu du melting pot du pays et un petit rappel de ce que nous aurions pu explorer plus longuement en Malaisie.
Juste avant de prendre notre ultime avion, nous nous lançons dans une étude approfondie d'anatomie décapodiforme avec un chili crab, plat emblématique de Singapour. Ce n'était pas forcément le plus malin de se battre avec une carapace de crabe et de prendre le risque de se retrouver avec des tâches qui nous auraient suivi tout au long du vol retour. Heureusement, nous nous en sommes sortis avec brio et sans éclaboussure.
Pour une ville notoirement surdéveloppée, on pourrait croire que Singapour serait en changement continu. Pourtant, par rapport à d'autres lieux que nous avons revisités, c'est une des villes qui a le moins changé en dix ans. (À part une nouvelle ligne de métro, le bâtiment EXPO à Changi et quelques autres bricoles tout de même.) Ça doit être le signe d'une ville qui est plutôt confortable avec son niveau actuel d'(hyper-)urbanisme.
À force d'entendre parler des côtés excessif de Singap', John s'en était fait une idée un brin dystopique. Au final, on retrouve rapidement ses marques depuis la Malaisie. Même en un tour très rapide, il est facile de comprendre pourquoi elle attire des gens de tous les coins du monde. Nous aurions bien continué à pérégriner entre les food courts, mais là, il est vraiment temps de rentrer.