Chapitre 1 —
À qui la baraka à Tōkyō
27 août 2023
Nous finissons notre traversée du Pacifique avec un 787 de Zip Air, compagnie aérienne japonaise low cost créée pour les JO. Pourtant, c'est l'avion le plus confortable que nous ayons pris jusqu'à présent, avec plein de leg room et chaque élément parfaitement pensé. Nous traversons la ligne de changement de date et nous retrouvons propulsés 24h dans le futur (c'est comme ça que ça marche, non ?) ; tout compte fait ça revient à +19h de décalage horaire (ou -5h, modulo 24).
N'ayant pas assez de doigts sur les mains pour comprendre si nous sommes censés être jet-laggés ou pas, nous démarrons l'après-midi en transports pour traverser la région de Tōkyō jusqu'à notre hôtel dans le quartier techno-commercial d'Akihabara. C'est l'occasion de finir de regarder un documentaire sur cette ville riche en histoire.
Il fait, comme prévu, méga chaud. Moins la fournaise que Vegas, mais plus humide, et la sueur est au rendez-vous dès qu'on s'aventure hors de l'air conditionné. Nous savions à quoi nous attendre en venant ici avant la fin de l'été, mais c'était le bon choix au vu de toutes les contraintes. Et ça ne devrait que s'améliorer pendant notre mois entier prévu à barouder à travers le Honshū.
Une fois la moiteur calmée, c'est parti pour s'en prendre plein les yeux : la nuit tombe, et le quartier se réveille de plus belle.
Daphné, qui connait déjà, joue la guide et balade John d'une rue à l'autre pour le voir s'ébahir devant les néons multicolores, les affiches tapageuses, les magasins qui ne ressemblent en rien à ce qu'on connait et la foule qui ondule à travers tout ça.
Très vite nous nous rappelons de la mission qui nous a poussé à choisir Electric Town (le surnom du quartier d'Akihabara) comme point d'arrivée : c'est l'endroit parfait pour trouver un nouveau téléphone pour Daphné.
Chaque rue regorge de magasins de jeux, de musique, d'électronique, de cartes à jouer, de peluches. Les maids nous apostrophent, les ramen nous font de l'œil, les cabinets d'arcades aspirent à nos yen ; mais nous gardons l'esprit concentré sur notre tâche principale. Jusqu'à ce qu'on ait retiré du cash, ça reste facile de refuser les tentations.
Une fois le quartier découvert autant que nos cerveaux tout décalés le permettaient, nous avons re/découvert les joies des machines à tickets (100% en japonais) pour commander des ramen.
Bingo, avec nos rudiments et un peu d'aide du serveur nous nous en sortons l'estomac plein, voilà un bon point d'orgue pour une première session découverte.
Le magasin de téléphones le plus intéressant est noté, nous pourrons revenir demain faire l'achat à tête reposée.
Nous profitons du décalage horaire pour se réveiller bien tôt. Petit déjeuner buffet japonais, les bellies travellent bien. Sans limite, nous soupons le miso, dégluons le nattō, et taffons le mapo.
Nous sautons dans un métro, direction Ueno au nord d'Akihabara. Les rues à bar sont vides à 8h du mat', c'était à prévoir. Nous continuons notre chemin jusqu'à l'immense parc d'Ueno.
La chaleur se fait déjà bien sentir, des grand-pères font la sieste sur les bancs. Les ouvriers qui préparent une grande scène portent des habits gonflés par deux ventilateurs intégrés (on n'arrête plus le progrès). Mauvaise surprise, le musée national de Tōkyō est fermé le lundi. Nous allons un peu plus loin au musée métropolitain, qui veut bien de nos yen nouvellement acquis.
La surprise : une énorme exposition de calligraphie japonaise. Même si nous en avons déjà vu ici et là, nous restons étrangers à cet art, et parmi les nombreux styles exposés, une grande partie est particulièrement déconstruite ; c'est peut-être très moderne ? On dirait plutôt du texte écrit durant une crise d'épilepsie.
Nous ressortons décontenancés et allons faire un tour sur l'« étang » Shinobazuno, recouvert de lotus. La chaleur et l'humidité continuent de nous faire suer à grosse goutte mais l'exploration continue de plus belle.
Ça fait moins de 24h qu'on est au Japon, John s'achète un stylo plume. Un takoyaki dans le bide et retour à Akiba (comme on dit). Nous nous pressons jusqu'au magasin/musée d'origami avant sa fermeture. Nous avons l'occasion de voir la fin de la démonstration du maître. Il nous même fait un pliage supplémentaire, c'est merveilleux.
La journée était chargée, mais nous avons le temps d'acheter l'iPhone convoité, de changer d'hôtel et de dîner dans un joint pas cher. Décidemment, Tōkyō est trop fatiguant ; demain nous partons explorer le nord, il sera toujours temps de revenir plus tard.